Y a p’t’être un ailleurs

Du Goudron et des plumes © Christophe Raynaud De Lage

Le nouveau cirque de Mathurin Bolze et de sa compagnie MPTA se pose au Carreau de Forbach. Du Goudron et des plumes, un voyage onirique et fantastique pour cinq acrobates, bannis sur un radeau de fortune.

Souvent mésestimé, le cirque contemporain est pourtant en perpétuelle réinvention, cultivant le décloisonnement des arts avec brio, sans oublier les dimensions particulière de ses disciplines fondatrices : acrobaties, polyvalence des techniques, prise de risques… Mathurin Bolze est de cette génération d’artistes formés au Centre national des Arts du cirque de Châlons-en-Champagne qui ne s’est jamais enfermé dans sa pratique. Le trampoliniste a tourné sous la houlette de Josef Nadj et pourrait « parler pendant deux heures de ce que François Verret lui a apporté et transmis » au fil des quatre créations du chorégraphe auxquelles il a participé. Cirque dansé ou danse circassienne ? « Peu importe, seul l’art du mouvement compte. » Le style a le mouvement et l’image, disait Anatole France. Celle qui préside dans le spectacle, son point de départ même, est ce décor. Une sorte de plateforme suspendue (ou de vaisseau mouvant) comme en apesanteur. Un immense objet de ballant, « espace de métaphore changeant, tout à la fois sol stable quand il repose au sol, oppressant quand il s’élève au-dessus des personnages et comme un radeau dans la tempête lorsqu’il oscille ». Autant d’images du monde, de lectures ouvertes dont le metteur en scène et interprète se garde bien « de donner les réponses ».

Du Goudron et des plumes © Christophe Raynaud De Lage

D’histoire ou de narration classique, il n’y a pas. Les cinq personnages (quatre hommes et une femme) du spectacle sont « comme des bannis » d’on ne sait où, évoluant entre une grande légèreté de mouvements, d’aspirations et le « côté goudronneux de la vie ». Rien du western donc dans Du Goudron et des plumes mais des instantanés de la vie d’un groupe humain, sans cesse dans le déséquilibre, s’appuyant et s’aidant de planches de frêne dans des corps à corps de pantomime. On se touche, s’enlace, chute et se relève pour mieux défier les lois de la pesanteur, s’arracher de son humaine condition, à la recherche d’un ailleurs, de ceux qui « président à la constitution de mes images » confie Mathurin Bolze. Ainsi, du numéro traditionnel de clown en miroir, dos à dos, il crée un saisissant axe horizontal où les personnages sont comme collés par les pieds, tête en haut et tête en bas. « Ces individus cherchent une issue. L’ensemble de mouvements, de tableaux et d’images qui s’imposent constituent une métaphore de la vie soutenue par l’entraide, la douleur, les efforts et la difficulté. Le cirque a cette vertu d’évoquer… » N’oublions pas que sa compagnie s’appelle MPTA pour “Les mains, les pieds et la tête aussi”.

À Forbach, au Carreau, mardi 13 et mercredi 14 décembre
03 87 84 64 34 – www.carreau-forbach.com

www.mpta.fr

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