La marque strasbourgeoise Bleu de chauffe revisite les vieux standards de la maroquinerie en réactualisant les besaces de postier ou de plombier, créant ainsi des incontournables pour les jeunes gens modernes du monde entier. Back to basics.
Fascinés par le monde du travail immortalisé par Irving Penn, photographe américain auteur de la série Small trades sur les “petits métiers” dans les années 1950, Alexandre Rousseau (création) et Thierry Batteux (développement) lancent Bleu de chauffe (BDC), en 2010, depuis leur bureau basé à Strasbourg. Le nom vient des tenues en toile portées par les conducteurs de locomotives à vapeur de la fin du XIXe siècle. La griffe hand-made propose une gamme de sacs reprenant les codes du workwear à l’ancienne, confectionnant « des produits qui font appel au savoir-faire et à l’authenticité », selon Alexandre, ex-designer pour Le Coq sportif ou Lancel. « Nous retravaillons les sacs de métiers d’antan, modernisés par des aménagements intérieurs – où l’on peut glisser des outils contemporains que sont tablettes numériques ou ordinateurs portables – et rendus fonctionnels pour un usage urbain. »
Les sacs et besaces rétro sont fabriquées exclusivement en France avec du cuir végétal, c’est-à-dire tanné à partir d’éléments naturels, comme au début du siècle dernier, avec des écorces de châtaignier, de mimosa ou d’acacia. Les produits – toile et feutrine venant du Nord de la France, pièces métalliques de la région parisienne et cuir du Sud – sont montés, coupés, façonnés et piqués par des artisans de l’atelier Bleu de chauffe situé dans l’Aveyron, près de Millau, « au pied du viaduc de Norman Foster ». Gage d’authenticité : l’ouvrier date et signe de son prénom l’étiquette de coton cousue sur les réalisations BDC. « Nous avons régulièrement des mails de gens demandant de féliciter Charlotte, Julien ou Isabelle. Derrière chaque produit, il y a un visage », se réjouit Alexandre Rousseau.
Le sac “plombier”, première création Bleu de chauffe et ouvrage iconique de la marque, le “postier”, le “coursier”, le “télégramme” ou encore la musette “type armée” en toile stonewashée… la collection, dont les modèles sont disponibles dans plusieurs volumes et couleurs (coloris “non teinté” naturel ou encore “pain brûlé”), s’étoffe. Tout comme les collaborations – avec le concept store FrenchTrotters à Paris (réalisation d’une ligne dans un esprit “baroudeur”), les Cycles Angot (le vélo Antoine) ou les ateliers Heschung à Dettwiller (des sacs oversize…) – qui se multiplient. BDC compte aujourd’hui environ soixante références s’arrachant aux quatre coins du monde, grâce à un réseau de distribution « assez sélectif » partout en Europe, mais aussi en Afrique ou en Asie (les Coréens sont très friands de French touch) et une présence très active sur les blogs et réseaux sociaux.
Le profil du porteur de sac Bleu de chauffe ? Un homme (à 60%) prêt à mettre le prix (350 euros environ) pour un accessoire de qualité. Un urbain de 25 / 45 ans se déplaçant à vélo, écoutant Animal Collective ou Beach House et consommant des légumes bio issus d’une Amap. Bref, un branché soucieux d’écologie et du redressement productif du pays. Car Bleu de chauffe est une affaire qui roule et crée des emplois : « Avec un peu moins de 1 000 pièces la première année, nous en avons produit 5 000 la troisième. L’an prochain, nous pensons atteindre la barre des 7 000 ! Nous avons commencé avec un atelier de trois personnes qui en compte une dizaine aujourd’hui. Il travaille dorénavant en exclusivité pour nous et forme des artisans. Deux jeunes compagnons ont été embauchés en 2013. »
Injecter des nouveautés chaque saison, en fonction des envies et tendances, tout en conservant ses classiques : la griffe alsacienne met de l’huile de coude et continue à se développer, ne craignant jamais d’aller au turbin.
Liste des points de vente sur le site de Bleu de chauffe