Vitanimé

Au cours des dixièmes Rencontres internationales du Cinéma d’Animation de Wissembourg sont proposés quelque 200 films, allant des nouveautés aux trésors du patrimoine, pour un passage en revue des innombrables techniques qui irriguent le genre.

La France peut se targuer d’être le premier producteur européen de films d’animation et l’Alsace d’abriter le deuxième festival du pays consacré à la discipline (après celui d’Annecy). Se déroulant tous les deux ans, les Rencontres internationales de Wissembourg (RICA) ont vu le jour à une époque où le genre était encore assez confidentiel, et considéré comme réservé au jeune public. « Cela a évolué depuis », constate Edmond Grandgeorge, directeur artistique de la manifestation, « notamment avec la sortie de plusieurs longs métrages dans les salles. Mais en-dehors du public de festivals, il y a encore un travail à faire pour la reconnaissance de cet art qui, rappelons-le, est né avant le cinéma. » Les RICA s’attachent donc à varier les plaisirs, en offrant plusieurs catégories de projections. L’incontournable Compétition, mais également des propositions de détours au gré des artistes et des pays. À noter dans la section Coup de Cœur, la réalisatrice canadienne Michèle Lemieux, aujourd’hui la seule à se servir de la technique de l’écran d’épingles. Ce procédé utilisant les ombres projetées de centaines de milliers d’épingles a été inventé dans les années 1930. Il n’a été appris que par une poignée d’artistes depuis, dont Michèle Lemieux qui puise dans sa pratique de la gravure pour jouer avec les ombres riches de l’instrument. Son univers graphique sombre et poétique s’accorde à merveille avec le conte philosophique raconté dans son film le plus connu, Le Grand ailleurs et le petit ici.

L’artiste d’origine strasbourgeoise Frédéric Back sera également à l’honneur : décédé l’année dernière, très connu du milieu, il était un environnementaliste engagé. Ses films Crac ! (1982) et L’Homme qui plantait des arbres (1987, d’après Jean Giono) ont remporté l’Oscar du film d’animation. Il fait ses premiers dessins dans le Strasbourg de l’entre-deux-guerres et dans la ferme familiale, où il est déjà sensible au sort des animaux. Plus tard, il n’aura de cesse de s’indigner face au progrès galopant et la destruction des milieux naturels, jusqu’à provoquer des prises de conscience et des réactions concrètes partout dans le monde.