Vingt ans ferme
Que signifie avoir vingt ans ? On mettra de côté la célèbre assertion de Paul Nizan, triste sire sur ce coup-là, qui ne laisse « personne dire que c’est le plus bel âge de la vie », pour se tourner brièvement vers le passé et regarder ce que fut notre trajectoire. En 1997, donc, naissait Polystyrène, fils plus ou moins légitime de Limelight (mag’ ciné classe & intello devenu culte) : depuis, devenus Poly, nous avons enquillé les années, multipliant reportages, entretiens, et autres rencontres marquantes. Certains sont partis vers d’autres cieux (zut alors), d’autres ont pointé le bout de leur nez (schick alors) mais tous, toujours, ont cherché à faire partager au lecteur leurs coups de cœur musicaux, théâtraux, architecturaux, picturaux, littéraires, etc. etc. Et ça continue, encore et encore : notre ample dossier spécial (qui débute lorsque vous tournerez cette page) en témoigne. Nous avons souhaité le tourner vers le monde et l’avenir, sans regard en arrière en forme d’ego trip masturbatoire (bon quatre pages quand même, il faut ce qu’il faut). Y sont rassemblées des rencontres avec des personnalités qui nous touchent (entretiens de fond, reportages fouillés et portraits parfois surprenants), mais également illustrations et photographies d’artistes qui sont devenus plus que des compagnons de route.
Voilà ce qui fait le sel du magazine depuis vingt ans. Hier, aujourd’hui, demain. Ce qui nous intéresse n’est pas le tombeau du passé, si séduisant puisse-t-il paraître, mais un avenir qui excite la rédaction par la richesse des possibles et la folie qu’il contient. On se dit qu’on va profiter des prochaines années, avant la gueule de bois de la trentaine, si tant est qu’elle existe vraiment : « Tu as vingt ans, tu déconnes un brin et quand tu te réveilles, tu en as trente. C’est fini, plus jamais ton âge ne commencera par un deux », écrit Frédéric Beigbeder dans L’Amour dure trois ans. Pour cette double décennie passée ensemble, nous souhaitons à tous nos lecteurs autant d’années (au moins) pareillement pleines de découvertes, de réflexion, de controverses, d’engueulades, d’amour, de réconciliations, de coups de spleen et de coups de speed… Parce ce que c’est cela la culture, parce que c’est cela Poly.