Vas-y molo !
Un bel espace dédié aux musiques actuelles vient d’être inauguré à Audincourt : Le Moloco. Encore un ? Oui, mais qui va très largement compléter l’offre dans la région.
Le nom de la salle – référence au cocktail lacté que s’enfilent les “héros” d’Orange mécanique – rappelle le passé du lieu, l’ancien cinéma Lumina aujourd’hui entièrement réhabilité. Projet porté par le Pays de Montbéliard Agglomération, Le Moloco est « né d’une mobilisation du tissu associatif local en 2003. L’idée était d’accueillir des répétitions et des concerts avec une jauge importante », explique David Demange, directeur et ex-responsable du soutien aux artistes à La Cartonnerie de Reims, qui a travaillé avec des Rémois alors en pleine explosion : Yuksek ou Bewitched Hands, présents lors de l’inauguration de la salle, fin septembre.
Le Moloco, c’est quatre studios de répétition (dont un dédié à la musique assistée par ordinateur), un centre de ressources, un bar où se trouve une scène club d’une centaines de places et, surtout, une grande salle de concert modulable de 600 places… Tous ces espaces sont réunis dans une enveloppe de tôle « qui donne une filiation avec la terre industrielle ». Mis à part les volumes, notamment de la grande salle, rien n’évoque plus le Lumina, mais l’équipe du Moloco a habillé le béton brut de l’intérieur d’une déco faisant des clins d’œil à Kubrick.
Pour David, Le Moloco est un catalyseur d’énergies, « pas une grosse machine qui mange les autres ». Un projet construit dans un esprit partenarial avec les différentes structures (assos, MJC, centres sociaux culturels…) et salles du territoire : le Conservatoire du Pays de Montbéliard, MA scène nationale (une soirée dub / danse contemporaine est prévue en mars), L’Atelier des Môles de Montbéliard, La Rodia de Besançon (avec laquelle Le Moloco et l’Orchestre de Franche-Comté vont monter un projet autour de Pink Floyd) ou La Poudrière de Belfort, véritable complice du Moloco (ils ont créé ensemble le festival noise / métal Impetus). « Nous avons même un salarié en commun, une personne se chargeant du soutien aux groupes locaux qui travaille dans les deux structures », souligne David qui précise : « Le Moloco défend une culture du lien plutôt que du lieu. »
Les sensibilités musicales mises en avant ? Le ska, très important dans la région (notamment avec Two Tone Club, en concert samedi 17 novembre), le hip-hop, « quasiment inexistant localement », la pop « que personne, sauf La Poudrière, ne développe », la musique jamaïcaine, « peu programmée pour des raisons de taille de plateau » et l’electro. « Je ne ferai jamais jouer un groupe comme Mass Hysteria : c’est le créneau de L’Atelier des Môles. » Le Moloco cherchera à créer des passerelles entre les gen(re)s, par exemple en conviant Hollie Cook (samedi 6 octobre), artiste reggae et fille du batteur des Sex Pistols. Les publics rasta et punk vont-ils se retrouver sous un même toit ?
03 81 30 78 30 – www.lemoloco.com