Vacances roumaines

Ion Bârlădeanu, Collage 522, courtesy of Ovidiu Sandor Collection

À travers les œuvres d’une quarantaine de plasticiens, La Brique dresse un riche panorama de l’évolution de l’art roumain depuis le milieu du XXe siècle.

Drôle de titre pour une exposition : La Brique, The Brick, Cărămida fait référence à une pièce emblématique
d’Ana Lupaș, icône de l’avant-garde. Voilà l’occasion de découvrir la diversité de la création contemporaine roumaine à travers 54 œuvres (dont deux, signées Pusha Petrov et Alex Mirutziu, ont été créées spécialement) de 43 artistes, issues de la collection réunie à Timișoara – ville jumelée avec Mulhouse – par Ovidiu Șandor. On y croise les “grands ancêtres” comme Brassaï dont les mystérieux Graffitis photographiques consistent en une exploration des traces laissées, telles des cicatrices, sur les murs de la cité, Constantin Brâncuși ou Victor Brauner et ses circonvolutions surréalistes. Moins connus sont les membres du Groupe 111 fondé par Ștefan Bertalan, Constantin Flondor et Roman Cotoșman : éminemment sixties, leur création explore des voies évoquant l’art cinétique ou le Bauhaus revisité avec notamment les vasareliennes Séquences visuelles du dernier nommé. Au fil de la visite se déploie un corpus original et protéiforme : en témoignent Courbe de production (1969) où Horia Bernea détourne la propagande, métamorphosant les objectifs du Plan socialiste en langage poétique et coloré, ou Révolution culturelle (1972), photomontage signé Ion Grigorescu dans lequel il se joue avec une brillante ironie de l’idéologie qui écrasait alors le pays de Nicolae Ceaușescu. Se découvrent des pièces classiques comme les clichés d’Andrei Pandele restituant un Bucarest disparu ou la Bronze Hand de Paul Neagu (qui incitait à « gérer les choses, plus complètement, avec vos dix doigts, pores et muqueuses qu’avec deux yeux seulement ») et des créations d’avant-garde. Parmi elles, citons la série Pudgasnic (2019) où sont explorées les relations entre la femme, la jeune fille et la tradition par le prisme du costume folklorique revisité. On craque pour les collages hybrides de Ion Bârlădeanu (entre pop et dada, il trace une voie brocardant avec force le totalitarisme communiste et les délires du capitalisme débridé qui ont suivi sa chute) ou les toiles de Mi Kafchin dont est présenté Alchimie (2013).


À La Kunsthalle (Mulhouse), jusqu’au 28 avril dans le cadre de la Saison France-Roumanie kunsthallemulhouse.com
saisonfranceroumanie.com

-Lecture participative du roman Catalogue d’une exposivie d’Hélène Bourdel en sa présence (15/03, 18h30)
-“Marges et contemporanéité, situations d’avant-garde de l’art en Roumanie”, conférence de Bogdan Ghiu (21/03, 18h30)

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