Urban Art Biennale, l’édition 2024 s’installe dans la Völklinger Hütte

Sébastien Preschoux travaille sur GUZRA arbeitet an GUZRA © Lukas Ratius / Weltkulturerbe Völklinger Hütte

L’Urban Art Biennale 2024 fait de la Völklinger Hütte, fleuron sidérurgique classé au Patrimoine culturel mondial de l’Unesco, son terrain de jeu.

De très loin, la silhouette de béton et de tuyauteries dominant le paysage de la petite ville de Völklingen propulse tout visiteur dans un passé proche. À quelques kilomètres de Forbach et de Sarrebruck, la plateforme du gueulard culmine toujours à 45 mètres du sol, offrant un point de vue à nul autre pareil sur la monumentale aciérie sarroise. Une cheminée de 70 mètres de haut a été transformée par The Wa en cigarette géante, malgré les trombes d’eau qui se sont déversées sur la Sarre durant le montage de l’exposition et la réalisation des œuvres. Né en France, l’artiste installé à Berlin interroge les contradictions de notre monde avec des œuvres in situ souvent moqueuses, cyniques et anachroniques. Après les bunkers tagués à la manière de naïfs dessins d’enfants, il lie la toxicité de la production de métaux à celle du tabac, comme vestiges d’une époque (presque) révolue.

En pénétrant dans les entrailles du monstre de fer, passant par la salle des soufflantes jusqu’à celle des mélanges pour les hauts fourneaux, demeurent quelques œuvres de précédentes éditions, telle The End de Zevs (2005), lettrage en volume suspendu au-dessus d’un entrelacs de tuyaux accueillant de la vidéo. Mais ce sont d’étranges mains en noir et blanc, peintes à l’acrylique et collées à même les murs de béton brut, qui attirent l’attention. Disposées çà et là, dans des recoins où l’œil curieux traque les indices laissés par Mardi Noir, alias Arzhel Prioul. Le Rennais reproduit des pictogrammes agrandis, jouant de l’aspect pixellisé afin de créer un dialogue entre le motif et le lieu dans lequel il s’inscrit. Ici, ce sont les mains des ouvriers qui nous guident où nous alertent, usant d’une expression toute allemande : Finger weg!, qui pourrait se traduire par « bas les pattes ! ».

Autre installation relevant du collage subversif et politiquement savoureux, la vingtaine de lapins éparpillés qui manifestent en tenant des pancartes signés Benjamin Irritant. Le mammifère demande successivement en anglais à Libérer Gaza (au Paradis, l’ancienne Cokerie où le charbon devenait une forme pure de carbone après fusion), Cessez le feu, quand il ne nous dit pas frontalement « They don’t want you to remember anything is possible » (« Ils ne veulent pas que tu te souviennes que tout est possible »). Si vous suivez les tortueux chemins jusqu’au bout du Paradis, vous tomberez nez-à-nez avec un KingKong menaçant de 10 mètres de haut signé Ottmar Hörl, mais surtout sur l’enchevêtrement de branchages de Benjamin Duquenne (Regenera), qui forme une gueule de crocodile semblant prendre possession des lieux, comme les lianes et racines du temple de Ta Prohm, au Cambodge. Last but not least, le Wanderlust Social Club a peint de mini personnages un peu partout sur le chemin menant de l’usine vers le centre-ville de Voëlklingen. Nous vous laissons quelques indices : regardez du côté du mobilier urbain sous les tunnels, vers la gare et les parkings en silo…


Au Patrimoine mondial Völklinger Hütte (Völklingen) et au centre-ville de Völklingen jusqu’au 10 novembre

voelklinger-huette.org

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