Cette année, pas de festival « Rossini in Wildbad » en juillet, pour la traditionnelle quinzaine consacrée au grand compositeur et au bel canto, en raison de la pandémie. Mais les organisateurs ont tout de même réussi à concocter un mini festival en respectant les restrictions sanitaires. On s’en réjouit, en espérant que ce week end de septembre assure la continuité de la manifestation avec, pour une nouvelle édition en 2021, un festival complet.
C’est au dernier moment, quand il n’était vraiment plus envisageable de croire en la possibilité de faire exister l’édition de juillet 2020 du festival Rossini, que l’intendant Jochen Schönleber a jeté l’éponge. Pour ce festival de grande qualité comparée aux moyens modestes qui sont les siens, les organisateurs n’ont jamais renoncé à l’idée d’organiser quelque chose cette année, ne serait-ce qu’une rencontre symbolique, avant la prochaine édition, qu’on espère normale et toujours aussi passionnante, en juillet 2021. Cela fait plus de trente ans maintenant que les habitués découvrent les opéras connus et moins célèbres de Rossini et de ses contemporains, vidéos des spectacles et enregistrements en première mondiale à la clé.
Évidemment, le charmant petit théâtre et la Trinkhalle ne sont pas vraiment adaptés aux exigences sanitaires actuelles, mais qu’à cela ne tienne : Bad Wildbad, en plein cœur de la Forêt Noire et à peine à deux heures de Strasbourg (1h45 selon le parcours choisi), est un ravissant trou de verdure où, en plus des thermes adorables au décor orientaliste foisonnant où Rossini a pris les eaux autrefois, l’on peut trouver des promenades charmantes plus ou moins physiques. Mais il est un lieu où l’on accède en famille, après avoir pris un funiculaire, par exemple, ou y être parvenu directement en voiture, le Wildline (https://wildline.de/), une structure en hauteur, au sommet du Sommerberg (https://www.bad-wildbad.de/sommerberg/sommerberg/).
C’est dans cet environnement spectaculaire, où la distanciation sociale et le plein air se prêtent idéalement aux conditions actuelles, qu’est donnée L’Isola disabitata de Manuel del Pópulo García, sur un livret de Métastase, dans une mise en scène de Jochen Schönleber. Créé en 1831, L’Île inhabitée est un opéra de salon conçu à l’origine pour deux sopranos, un ténor et un baryton. García était l’un des meilleurs ténors de son époque, connu également pour son enseignement (ses opéras ont ainsi des visées pédagogiques) mais surtout, le père de Maria Malibran et de Pauline Viardot. Les habitués du festival Rossini ont déjà eu l’occasion de découvrir d’autres opéras de salon de García au cours des éditions précédentes (Le Cinesi http://www.poly.fr/bains-exotiques/, I Tre Gobbi), tout à fait charmants. Mais il va sans dire que ces œuvres sont d’authentiques raretés, idéales pour mettre en valeur de jeunes talents. Nul doute que la soprano norvégienne Susanna Wolff (entendue au San Carlo), la mezzo napolitaine Francesca di Sauro (qui a déjà travaillé sous la direction de Riccardo Muti), le ténor suisse Remy Burnens et le baryton lombard Lorenzo Liberali vont montrer toute l’étendue de leur talent qui commence à être reconnu en Europe dans cette expérience inédite, prévue les vendredi 11 et samedi 12 septembre. Pas de regrets pour ceux qui ne peuvent faire le déplacement : une diffusion en streaming sur Vimeo est prévue pour la fin du mois de septembre.
Rossini n’est évidemment pas sacrifié au cours de cette version réduite du festival (où l’on a pu découvrir jusqu’à 5 productions d’opéra dans les années glorieuses, c’est-à-dire la fin des années 2010, hier à peine !). Deux récitals encadrent la présentation de l’opéra de García, où le répertoire rossinien le plus vaste est abordé, des grands airs aux Péchés de vieillesse, sans oublier la musique sacrée. La soprano Silvia Dalla Benetta, habituée du festival, ouvre les festivités, le jeudi 10 septembre et la mezzo Diana Haller, remarquée à Stuttgart mais aussi dans un superbe Tancredi toujours à Bad Wildbad, parachève le mini festival dimanche 13 septembre. Et puisque la manifestation est aussi vouée à faire découvrir de nouveaux talents, la traditionnelle master class, sous la direction de Filippo Morace, a fait l’objet d’un concert en ouverture des festivités, le 9 septembre.
Bravo à toute l’équipe du festival et ses partenaires pour avoir maintenu la manifestation, même réduite et dans des conditions difficiles, ce qui donne espoir pour la suite. Longue vie à Rossini in Wildbad !
Mini Festival Rossini in Wildbad – Belcanto Opera Festival
Du 9 au 13 septembre 2020
https://www.rossini-in-wildbad.com/rossini/ et https://www.bad-wildbad.de/rossini/