Tu veux ma photo ?

À gauche, École des Pays-Bas , Fillette à l’oiseau, premier quart du XVIe siècle et à droite Jacques Gimel, L’oiseau mort, 1963

À Apollonia, la collectionneuse Madeleine Millot-Durrenberger propose un ludique jeu d’associations Tacites ou insoupçonnées entre photographie et arts plastiques.

Volontaires ou inconscientes, les références à la peinture sont légion dans la photo : compos, couleurs, lumière… Le projet de dialogue imaginé par Madeleine Millot-Durrenberger a vite séduit Dimitri Konstantinidis, directeur de l’Espace d’Art contemporain strasbourgeois, notamment pour sa dimension européenne, avec des « artistes cosmopolites venant d’Italie, d’Allemagne, de République Tchèque ou de France » et son « ambition pédagogique ». Tacites ou insoupçonnées – des intelligences furtives se compose d’une quinzaine de trios rassemblant photographie originale, reproduction de l’œuvre “modèle” et texte explicatif. Ainsi, voit-on une image de Bailly-Maître- Grand montrant une assiette de soupe où se dessinent des formes aux courbes arpiennes, une carte postale d’une Constellation en bois gravé d’Arp et des mots de la collectionneuse expliquant son choix, « J’ai trouvé l’œuvre de Jean Arp la plus en accord avec les “yeux de bouillon” cuisinés par Patrick Bailly-Maitre-Grand pour rendre hommage à l’artiste Dada qu’il admire… ».

Autre duo de choc : la Fente n°24 de Jean Daubas et L’Origine du monde de Gustave Courbet. Afin de faire un clin d’œil au maître ornanais, le photographe habitant au bord de la Loue a évité le piège consistant à participer à une « orgie de foufounes à l’air, barbouillis de minous, exhibition de choupettes, bref, mignardises à souhait », mais s’est rendu sur les pas du peintre « dans la campagne franc-comtoise pour photographier […] un paysage en fourche entre deux bras d’eau, une quantité de touffes de mousses sculptées naturellement comme un creux d’amour, des parois de roches fendues en amande. » Les autres tandems ? La Pomme sombre de Gábor Kerekes faisant écho à L’autre son de cloche de Magritte ou Les Trois Grâces hermaphrodites de Joel-Peter Witkin répondant à celles peintes par Raphaël en 1505.


A Apollonia (Strasbourg), jusqu’au 7 avril

apollonia-art-exchanges.com

vous pourriez aussi aimer