Trisha Brown & Twyla Tharp / New York, New York
En ouverture de sa saison, Petter Jacobsson fait entrer trois nouvelles pièces de Trisha Brown et Twyla Tharp, deux grandes figures de la danse américaine, au répertoire du Ballet de Lorraine. Interview.
Qu’est-ce qui réunit ces chorégraphies de deux monstres sacrés de la danse américaine des 70’s et 80’s ?
J’avais envie de donner à voir une époque de grande inventivité, d’évolution et de révolution de la danse. Trisha Brown et Twyla Tharp ont bougé les lignes du classique comme Martha Graham juste avant elles, avec l’envie de bousculer le statut de “boss” du chorégraphe. Avec d’autres, elles ont libéré l’idée du travail collectif, ajouté une créativité puisée dans la vie quotidienne et les mouvements de la rue. Ces trois pièces sont créées entre 1970 et 1982, de la période pop à sa fin, ce qui est aussi intéressant comme grille de lecture de l’art chorégraphique et de la manière dont il s’inscrit dans son époque. Nous regardons ainsi d’où nous venons avant d’inviter deux chorégraphes actuels, Cindy Van Acker et Marcos Morau, donner leur vision de la danse avec des créations, en mars 2016.
Trisha Brown et Twyla Tharp ont été pour leur génération un mélange d’improvisation et de liberté, un refus de l’académisme ?
Chaque génération fait sa révolution du passé. Les années 1970 ont été celles de l’expérimentation des mouvements où il fallait recommencer à zéro pour bouger son corps sans partir de ce qui préexistait, inventer une simplicité qui était tout à fait nouvelle.
Ce n’est pas un hasard si New York était alors un épicentre créatif : il y avait le Wooster Group[1. Voir Poly n°129], The Factory de Warhol[2. Voir Poly n°181]…
Sans oublier la Judson Church qui était un endroit important dans Greenwich Village, plateforme pour danseurs et chorégraphes. Paris jouait ce rôle dans les années 1910-20, New York dans les années 1950-70… Le monde n’est plus polarisé de la sorte même si des lieux de melting-pot comme ceux là sont des creusets créatifs importants. Avec l’avènement de l’ère numérique de la communication ces pôles sont différents aujourd’hui.
Comment les danseurs du Ballet ont-ils accueillis l’idée de travailler sur ces pièces historiques ?
Ils sont enthousiastes et s’y sentent bien. Ces reprises de mouvements venant d’un autre siècle représentent un énorme travail. Les corps changent et le savoir-faire aussi. La transmission par deux experts des compagnies de Twyla Tharp et Trisha Brown compte beaucoup. Cela permet de comprendre aussi pourquoi on danse comme cela aujourd’hui, de voir cette époque – comme la notre en reflet – à travers les questions qui l’irriguaient.
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