Trianon lorrain
Georges Heintz, architecte et professeur émérite signe un projet pour un magnat lorrain : la King Villa située à quelques encablures de la ligne bleue des Vosges.
On lui devait déjà, en association avec Anne-Sophie Kehr, les très beaux projets Niffer à Kembs ou les salles des fêtes de Kirwiller ou Hunspach, l’antenne du CSC du Landsberg à Strasbourg ou, avec Rudy Ricciotti, la salle des Tanzmatten à Sélestat. Cette habitation, une longue lanterne posée dans la campagne lorraine, reprend quelques éléments du pavillon allemand de Mies Van de Rohe pour l’exposition universelle de 1929 (Barcelone). Son horizontalité tout d’abord, ici d’un seul tenant, frontale, avec deux éléments, sol et toiture se répondant, deux lignes blanches aux énergies qui semblent s’opposer. L’ensemble tenant grâce à des répliques des colonnes métalliques du pavillon, à l’exception d‘un poteau d’angle en béton d’un ordre naissant qui reprend une part importante du poids du voile de la toiture. Ce clin d’œil à la romanité de la villa,
comme à Ricciotti, répond au verre bombé posé sur un travertin qui enserre une piscine intérieure. Le trottoir extérieur épouse dans le même matériau une baie vitrée. Le soin apporté aux détails léchés des finitions (le grand verre cintré liant deux des façades vitrées, l’hommage au grand maître du Bauhaus) font la signature d’un architecte amoureux de son travail, hystérique dans les détails, connaissant l’histoire de son art sur le bout des doigts. On regrette un peu que Georges Heintz n’ait pas eu en charge l’ameublement du lieu, comme des jardins. Il aurait ainsi pu continuer l’échange fertile du projet architectural, entre radicalité et création.