Temps x
Flavien Berger s’offre un trip dans le Contre-Temps avec un album de chansons électroniques où il plie le réel.
Ce disque est-il un retour sur la terre ferme après des escapades cosmiques (Mars balnéaire) et aquatiques (Léviathan) ?
Pas vraiment. C’est un nouvel album de voyage, mais dans le temps, un domaine inconnu car on se sait pas ce qui dé nit ses con ns. On est dans le souvenir de la Terre, dans le projet d’une traversée, mais nous ne sommes pas revenus à quai. Il s’appelle Contre-Temps, dans le sens science-fictionnel – pouvoir revivre des moments – et sensationnel : être tout contre quelque chose. Être contre le temps, c’est une tentative de rattraper l’instant présent.
J’aime beaucoup le morceau-titre, Contre-Temps, qui évoque le duo Brigitte Fontaine & Areski Belkacem façon electro bossa au long cours…
Je prends ça comme un grand compliment. Quand nous avons écrit ce titre avec Bonnie Banane, nous avions L’Incendie de Brigitte & Areski en tête, album majeur de la chanson française. C’est un hommage involontaire à cette scène-là. Tout est venu d’une mélodie que nous avons complétée avec des mots qui sont arrivés très naturellement. Le morceau parle des interstices entre les instants dans un couple.
Vous avez cherché à mettre les accidents et expérimentations au service de la pop. Avant, c’était l’inverse…
Non, non, je suis dans une démarche qui poursuit son petit bonhomme de chemin… Pourquoi ?
Contre-Temps est plus fluide et mélodieux que les disques précédents. La voix est mise sur le même plan que la musique alors qu’avant on retenait surtout la matière sonore.
J’ai énormément travaillé l’écriture de mes chansons, bien en amont du reste. Je les voulais moins dans l’emphase et me voyais davantage comme un conteur qu’un acteur, qui te souffle des choses simples à l’oreille, le plus proche possible du cœur et des sentiments.
Comment créer des surprises avec vos machines sur scène ?
Il y a beaucoup de “concerts tunnels ”dans tous les styles possibles, mais avec la musique électronique le public ne comprend pas ce qu’on fait. Il ne fait pas le lien entre ce qu’il entend et ce qu’il voit. J’essaye de rendre la chose plus didactique, spectaculaire. Pour incarner au mieux ma musique, je dois passer par l’improvisation au niveau du chant.
Vous improvisez les textes sur scène ?
Oui, j’approfondis ce qui est raconté, je parle d’un autre personnage, donne une autre version, décris un reflet. Je me laisse imprégner par ce que je vois autour de moi afin que chaque concert soit unique. D’où vient l’inspiration ? Difficile à dire. J’en parlais avec Étienne Daho et nous pensons que c’est presque mystique car inexplicable au niveau neurologique. C’est un truc “chelou”, en lien avec des forces supérieures.
À La Laiterie (Strasbourg), vendredi 19 octobre
artefact.org
À La BAM (Metz), samedi 20 octobre
citemusicale-metz.fr