La Coupole innove pour sa saison de printemps, avec un festival de la francophonie curieux de voir ce qui se passe chez nos voisins. En danse, chanson et humour, ce rendez-vous inédit associe des cultures différentes unies par une même langue.
Mon premier fait un grand écart virtuose entre passé et futur, mon second navigue en marge et en musique, mon troisième carbure au vitriol et mon tout est le nouveau temps fort ludovicien dédié à la “langue de chez nous”. Située à deux pas de La Coupole, la Suisse fait presque figure de voisine de palier. À elle d’ouvrir les festivités avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève (mardi 3 février) et ses vingt-deux danseurs. Un programme double qui débute avec Lux, chorégraphie de Ken Ossola sur le puissant Requiem de Fauré, où le dialogue entre vie et mort, lumière et ténèbres, a la force d’un drame porté par la fluidité expressive des danseurs. Avec Glory d’Andonis Foniadakis, on pénètre dans l’univers baroque de Haendel et dans une incarnation de la partition où les corps deviennent musique. L’intensité des danseurs, énigmatique, audacieuse et profondément humaine, témoigne de l’art d’être tout entier dans l’instant présent.
Il faut ensuite mettre le cap au sud pour partir à la rencontre de Nilda Fernandez (samedi 14 février), artiste nomade qui a pris l’habitude d’affoler les boussoles tant il chemine par monts et par vaux, s’imprégnant des sonorités et des rythmes venus des quatre coins de la planète. Avec une profonde intégrité, l’auteur-compositeur-interprète franco-espagnol a résolument choisi de se tenir éloigné de l’industrie du disque et de « faire autrement », imaginant un procédé de production indépendant. C’est ainsi qu’est né Ya basta !, son dernier album uniquement disponible sur Internet. Vingt-cinq ans après Nos fiançailles, le tube qui l’a révélé, la même voix douce et androgyne chante avec poésie ses révoltes et ses engagements, comme dans Pense à la France, invitation à la résistance face à « ceux qui posent des barbelés pour mieux nous enfermer », ou Le Gang, celui des « gardiens du troupeau et des humanicides internationaux ». Une salutaire bouffée d’oxygène ! Direction enfin le Plat Pays avec Walter (mardi 17 février). Dans son impeccable costume cravate, sa devise est de rester classe en toute circonstance. Certes il dit des horreurs, mais avec quelle élégance ! Ce nouveau roi de l’humour corrosif, chroniqueur sur France Inter, est irrévérencieux à souhait. Son spectacle Belge et méchant n’épargne rien ni personne, déplorant qu’on ne parle jamais des bienfaits de l’alcool et pointant du doigt les problèmes quotidiens des racistes daltoniens. Une écriture au cordeau, un esprit décapant, ce Walter n’est pas loin d’être irrésistible.
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