Sport & Loisirs dans l’art au Musée Würth avec Frisbee !
Frisbee ! explore la représentation des sports et des loisirs dans la Collection Würth à travers une exaltante présentation.
Dans la vaste salle qui ouvre le parcours, un moulage de plâtre d’un guerrier blessé venant du fronton du temple d’Aphaïa, à Égine, dialogue avec une sculpture hyperréaliste de Jan Nelson, Walking in Tall Grass, Down (2004) qui reprend un moment mythique du Tour de France 2003 : la vision de Joseba Beloki, à terre, après une chute spectaculaire. Plus loin, l’iconique Discobole attribué à Myron, appartenant lui aussi au Musée Adolf Michaleis de Strasbourg, entre en résonance avec une immense toile de Donna Stolz. Show me a garden that’s burstin’ into light (2007) montre un joueur de frisbee gender fluid d’une coolitude extrême dans une composition dynamique où l’orange est roi. Ces voisinages questionnent la représentation des corps, héroïsés ou souffrants, hier et aujourd’hui. Autour, le mouvement est au cœur de nombre d’œuvres : des Danseuses (1953) de Miró éclatantes de couleurs, aux plongeurs d’un délicat hiératisme, peints par Christine Gallmetzer, suspendus dans un ciel d’un bleu azur.
En montant à l’étage, le visiteur passe du sport aux loisirs, puisque le propos est ici de montrer comment les artistes, depuis la fin du XIXe siècle, se sont colletés avec les métamorphoses des sociétés occidentales qui laissent de plus en plus de temps libre au citoyen. Faisant figure de matrice de l’exposition, un dessin de Fernand Léger, intitulé Les Loisirs (1944), ressemble ainsi à une allégorie des congés payés avec deux couples d’amis et leurs enfants en goguette, à bicyclette. Précurseurs de cet art de la détente, Kupka et son Bois de Boulogne (1906) et Pissarro, avec l’impressionniste Route de Berneval-le-Petit (1900), donnent une version du début du XXe siècle de l’art de chiller. Appel de la montagne, avec la toile éponyme d’Arnulf Rainer (1990) qui égratigne les vues alpines du siècle d’avant, extases balnéaires – on craque pour les Deux Baigneurs, aquarelle de 1910 signée Max Pechstein – ou joies des jeux de société de Max Ernst à François Morellet, en passant par George Grosz, complètent l’affaire. Évidemment, on ne saurait se contenter de visions angéliques : le revers de la médaille éclate ainsi dans Compagnie de voyage (2017) d’Erwin Pfrang, vision apocalyptique de Venise gangrénée par le tourisme de masse. Plus tendre est le panoramique photographique, de cinq mètres de long, réalisé par Martin Liebscher. Dans Camping (2004), un unique personnage – lui-même – est présent des centaines de fois dans toutes les positions possibles d’un séjour balnéaire : allongé sur la plage, montant sa tente, saoul sous sa caravane… Avec cette démultiplication ad nauseam, la société des loisirs en prend pour son grade.
Au Musée Würth (Erstein) jusqu’au 15 septembre
> Visite guidée en français chaque dimanche
> Audioguides en français et allemand
> Une exposition parallèle Sport & jeu dans la collection Würth se déploie à l’Institut français de Stuttgart (jusqu’au 19/04)