Deux albums nous plongent dans le second conflit mondial en compagnie du héros créé par Rob-Vel.
Révélé au monde de la BD en 2009 avec Le Journal d’un ingénu (quatrième opus de la collection Une aventure de Spirou et Fantasio par…), qui se déroulait en 1939, Émile Bravo – ex-membre de l’Atelier Nawak, futur Atelier des Vosges aux côtés de Trondheim, Blain, Sfar, etc. – retrouve le groom le plus célèbre de l’Histoire dans L’Espoir malgré tout. Voilà le premier tome d’une ambitieuse saga qui en comptera quatre au cours de laquelle notre héros va traverser la Seconde Guerre mondiale. Sublimant la ligne claire d’un trait d’une précision chirurgicale, l’auteur nous entraîne en plein cœur de l’hiver 1940 : les troupes nazies – terrible et sombre vision d’un side-car inquiétant et fantomatique qui glace nos héros – fondent sur la Belgique. Ayant rencontré un peintre juif allemand qui a fui le Reich, son Art jugé dégénéré, et sa compagne, Spirou, après l’explosion de l’hôtel où il œuvrait devient… chef scout pour subsister (joli clin d’œil à Hergé). Pour sa part, Fantasio, après avoir été un soldat d’opérette dans le Fort d’Ében-Émael, redevient journaliste au Soir, devenu une feuille collaborationniste ! Avec finesse et profondeur, tendresse et douleur, Émile Bravo fait plonger son lecteur dans les fractures de la société belge, entre résistance naissante, accommodation forcée à une situation nouvelle et compromissions enthousiastes avec l’occupant pour les rexistes. Tout cela est mené avec grande finesse et entre en résonance avec un autre album, Le Petit théâtre de Spirou : en décembre 1942, un théâtre de marionnettes (fondé par André Moons qui manipulait les personnages et Jean Doisy, écrivant les saynètes), sillonne la Belgique. Le Journal de Spirou ne paraît plus et les deux complices tentent de faire vivre notre héros par un autre moyen… servant aussi de couverture à un réseau de résistants. Oubliées ces historiettes ont été retrouvées par Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault, auteurs de La véritable histoire de Spirou, qui les ont mis en planches de bel manière avec la complicité du dessinateur Al.
