Speedy Graphito expose à L’Estampe

Speedy Graphito © Benoît Linder pour Poly

Une exposition et un bouquet de sérigraphies : Speedy Graphito questionne l’histoire de l’art dans des mosaïques colorées.

Cela fait plusieurs années que L’Estampe – qui fête cette année son 45e anniversaire – collabore avec Speedy Graphito : « Erró me l’a présenté et nous avons accroché de suite. Une première aquagravure a été réalisée, puis d’autres », se souvient Thierry Lacan, fondateur et directeur de la galerie strasbourgeoise. « Connu comme un des pionniers français du street art, il est aussi un peintre d’atelier qui aime plus que tout se confronter à l’histoire de l’art, dans une recherche continuelle. » De ce compagnonnage est née une exposition regroupant des œuvres de toutes les époques et un jeu de sept sérigraphies, réunies dans un coffret intitulé Mon Histoire de l’Art. Olivier Rizzo – le nom de baptême de notre homme – y livre sa version, colorée et inspirée, d’icônes comme La Jeune fille à la perle de Vermeer, Le Déjeuner sur l’herbe de Manet, La Liseuse de Fragonard ou encore Femmes de Tahiti de Gauguin. Délaissant de plus en plus la rue, estimant « avoir presque fait le tour de la question », Speedy Graphito peint des toiles où il se collète bien souvent avec ses prédécesseurs. Rien de neuf depuis Le Radeau de la Méduse ou les radeaux des médusés, dans lequel il questionnait, en 1986, l’œuvre de Géricault. « Je me suis construit avec tant d’artistes. Petit, je reproduisais des œuvres de Léonard de Vinci, de Picasso… Ils sont les membres ma famille, comme des morceaux de moi. Symboliquement, je me place dans leur continuité », résume le créateur de Lapinture.

Le résultat est un immense mix chromatique éclatant : les univers entrent en fraternelle collision dans des mosaïques où se discernent des fragments de Keith Haring, des fractions de Roy Lichtenstein qui citait déjà Matisse – « J’adore ces réinterprétations de réinterprétations qui créent comme des poupées russes dans une mise en abyme stimulante » –, des miettes des ciels si caractéristiques du Van Gogh des dernières années ou encore des éléments constitutifs du vocabulaire pictural chaleureux de Miró. Le processus est classique. Il a été employé par Picasso, Bacon et bien d’autres. Il acquiert néanmoins ici une dimension colorée, oscillant entre figuration libre et réminiscences pop : dans ces puzzles artistiques, les références au passé se métissent de motifs géométriques répétitifs, rappelant que le père de l’artiste était tapissier. Les œuvres de Speedy Graphito sont d’éclatantes énigmes qu’il appartient à chacun de résoudre.

Speedy Graphito © Benoît Linder pour Poly
Speedy Graphito © Benoît Linder pour Poly

À L’Estampe (Strasbourg) jusqu’au 2 mars 

estampe.frspeedygraphito.free.fr

> Les sérigraphies composant Mon Histoire de l’Art, ainsi que le coffret, sont disponibles à la galerie

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