Souffrances romantiques

© Herwig Prammer / Opernhaus Zurich

Créée à l’Opéra de Zurich l’année passée, cette production de Werther est accueillie en Alsace : la mise en scène de Tatjana Gürbaca prend place dans un sobre et modulable décor de bois clair signé Klaus Grünberg autorisant un huis clos anxiogène et oppressant, mais aussi des échappées belles oniriques. Elle nous livre sa version du personnage, celle d’un héros (incarné par Massimo Giordano souvent entendu dans le rôle), qui a la semblance d’un « dieu tombé sur la terre » débarquant dans la société bourgeoise corsetée des années 1950 marquée du sceau de la petitesse où évolue Charlotte (Anaïk Morel, parfaite dans ce répertoire). Sous la baguette d’Ariane Matiakh se déploie la partition de Massenet, fleuron du “romantisme à la française” et vision éblouissante d’un amour impossible qui se brûle les ailes au feu de la passion la plus absolue. Chacun demeure saisi par l’image finale – où se découvrent d’étranges échos à Amour de Michael Haneke – qui souligne avec brio le propos de l’opéra, sans le dénaturer, manifestant la puissante mélancolie qui l’irrigue en profondeur.

© Herwig Prammer / Opernhaus Zurich
 À l’Opéra (Strasbourg), du 9 au 17 février
À La Filature (Mulhouse), vendredi 2 et dimanche 4 mars
operanationaldurhin.eu
Rencontre avec Ariane Matiakh à la Librairie Kléber (Strasbourg), jeudi 8 février à 18h – librairie-kleber.com 
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