Sol Gabetta : une violoncelliste lumineuse
Violoncelliste lumineuse, Sol Gabetta excelle aussi bien dans le grand répertoire que dans les miniatures chambristes. Une salve de concerts permet de découvrir plusieurs facettes de son talent.
Nourrie à l’incandescence de l’école russe, Sol Gabetta – qui eut pour maîtres deux anciens élèves de Rostropovitch : Ivan Monighetti et David Geringas – possède un coup d’archet d’une merveilleuse ductilité. Soliste instrumentale de l’année aux Victoires de la musique classique 2022, elle fait (re)découvrir le Concerto d’Elgar à Baden-Baden (01/06) avec le London Symphony Orchestra et Sir Simon Rattle. Nécessitant un improbable mélange de pudeur et de virtuosité, cette pièce décrit selon les mots de son auteur « l’attitude d’un homme face à la vie. » Quelques jours plus tard, voilà la musicienne à Strasbourg avec l’OPS et Hannu Lintu (12 & 13/05) pour un autre concerto majeur du XXe siècle, celui de Lutosławski dans lequel la soprano Galina Vichnevskaïa – l’épouse de Rostropovitch pour qui la partition fut écrite – vit « l’histoire d’un Don Quichotte du XXe siècle ». Il est vrai que cette œuvre a la semblance d’une lutte à grands coups de staccatos, le violoncelle repoussant l’assaut des plusieurs groupes d’instruments… Confronté à la violence expressive des cuivres dont il affronte le déchaînement tonitruant, son héroïsme semble céder, mais il reprend le dessus dans une page « dont la fin triomphante se place pour ainsi dire au-delà de l’événement qui vient de se produire », expliqua son auteur.
Pour Sol Gabetta, la musique de chambre est « vitale. Elle permet de découvrir le violoncelle “à nu” et de montrer qu’il n’est pas seulement un instrument profond et littéraire, mais qu’on peut tout exprimer avec lui », résume-t-elle. Témoigne de cette passion le festival joliment baptisé Solsberg (23/06-03/07), qu’elle a fondé en 2006 à Olsberg, à une quinzaine de kilomètres de Bâle, où se croisent une galaxie sonore composée de Patricia Kopatchinskaja – avec qui elle a gravé Sol & Pat (Alpha classics, 2021), véritable hymne à l’amitié –, Adrien La Marca ou encore Bertrand Chamayou. On retrouve ce dernier dans l’intimité d’une soirée dijonnaise (18/05). Voilà deux artistes de la même génération qui explorent plusieurs facettes d’un certain romantisme, entre France et Allemagne : autour de Félix Mendelssohn (avec la douceur lumineuse de sa Sonate pour violoncelle et piano n°1) gravitent en effet des pages de Johannes Brahms et César Franck. Autre histoire d’affinités électives, celles qui rassemblent l’artiste et la violoniste Isabelle Faust. Accompagnées de Kristian Bezuidenhout au clavier, elles donnent le Triple Concerto de Beethoven à Bâle (27/05), rappelant l’héroïsme de sa Symphonie n°3.
Au Festspielhaus (Baden-Baden) dimanche 1er, au PMC (Strasbourg) jeudi 12 et vendredi 13, à l’Auditorium (Dijon), mercredi 18 et au Stadtcasino (Bâle) vendredi 27 mai
solgabetta.com