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Jouant à saute frontière entre France et Allemagne et entre les styles musicaux, la 28e édition du Festival Euroclassic est placée sous le signe de “Réformes, temps, époques”.
Il y a 500 ans, Martin Luther changea la face du monde en affichant, à Wittenberg, ses 95 Thèses condamnant le commerce des indulgences par l’Église catholique. C’est cet anniversaire que célèbre le Festival Euroclassic avec une programmation diversifiée marquée par les rencontres musicales en tout genre, comme le passionnant Bach to Jazz ! (13/10, Église Saint-Rémi de Schorbach), emblématique de l’esprit de croisements tous azimuts qui souffle sur l’événement. Rassemblant le très exigeant Quatuor Debussy (à qui l’on doit notamment une géniale intégrale Chostakovitch publiée par le label Arion) et le duo jazzy formé par le contrebassiste Jean-Louis Rassinfosse et le pianiste Jean-Philippe Collard-Neven, ce concert magnifie avec éclat les noces du classique et du jazz. Le sextuor en fusion propose ainsi une relecture bouillonnante de partitions célèbres, passant Ravel ou Debussy à la jubilatoire moulinette de Chet Baker et consorts ou revisitant le Concerto en fa mineur de Bach pour y jeter un regard nouveau où se révèle, grâce à l’improvisation, une nouvelle facette du musicien par excellence du protestantisme.
De franchissements des frontières stylistiques, il sera aussi question dans Amour et Révolution (01/10, Festhalle Zweibrücken) avec la Neue Philharmonie Frankfurt, phalange pionnière pour le crossover qui va faire se coudoyer Beethoven, Berlioz, Pink Floyd et Led Zeppelin. Autres atmosphères avec deux de nos spectacles préférés du festival. En premier lieu, citons un programme intitulé Au Cœur de la vie en 1517 (28/10, Festhalle Pirmasens) où deux formations, le Calmus Ensemble et la Lautten Compagney, font revivre le XVIe siècle, métissant les sonorités originelles d’arrangements modernes. En second lieu, mentionnons la confrontation improbable de la musique et du foot avec Allemagne-Brésil (29/09, Espace René Cassin, Bitche). Sur une scène métamorphosée en stade, les styles musicaux des deux pays s’affrontent dans la joie : Bach dribble Villa-Lobos, tandis que le roi de la bossa nova Antônio Carlos Jobim tacle Franz Schubert. Enfin, impossible de ne pas parler d’Al Di Meola (27/10, Festhalle Zweibrücken), authentique guitar hero – qui a vendu des millions de disques de Friday Night in San Francisco gravé avec John McLaughlin et Paco de Lucia – fusionnant jazz et rock et n’hésitant jamais à faire quelques incursions latino.