Sirens of Lesbos et leur deuxième album Peace
Génial quintet suisse de worldbeat métissée, les cosmopolites Sirens of Lesbos annoncent un deuxième album, Peace, comme un contrepied cosmique à la morosité actuelle.
Sirens of Lesbos… Derrière ce nom évocateur de la mythologie grecque – à moins qu’il ne renvoie aux odyssées migratoires à travers la Méditerranée – se cache un groupe suisse, basé à Berne, dont les membres puisent leurs origines aux quatre coins de l’Europe et dans la corne de l’Afrique. Un pluriculturalisme fièrement assumé, qu’incarnent notamment les soeurs Jasmina et Nabyla Serag – dont les parents ont traversé la mer pour fuir le Soudan et l’Érythrée –, les deux voix ensorcelantes au centre de cette formation naviguant entre groove métissé, synthpop hédoniste et chillwave futuriste. Révélé à la sono mondiale en 2014, par la grâce d’un hit house composé pour le fun et la blague (Long Days, Hot Nights) mais qui embrasa les plages d’Ibiza et les mena jusque chez Sony, le quintet avait renoncé au star system des majors qui lui tendaient les bras pour se laisser guider par sa seule passion. Férues de bonnes références, telles celles qui parsèment How Many Miles (des Fugees aux génériques de sitcoms familiales), les sirènes helvètes avaient finalement sorti un très attendu et enivrant premier album courant 2020, SOL. Les instrumentations luxuriantes et les mélodies densément superposées des douze pistes dévoilaient un univers onirique à la fois intrigant et puissamment éclectique, passant de la soul très sixties de Pala aux splendides notes mouillées du brumeux Like Some Dream, en featuring avec le rappeur d’Atlanta, J.I.D.
Depuis, plus rien, ou presque… jusqu’à l’annonce, en février dernier, d’un deuxième opus, Peace, prévu pour septembre 2023. Treize morceaux pour un disque kaléidoscopique, décrit par le groupe lui-même comme un pied de nez à la situation politique mondiale actuelle, entre virages autoritaires, démagogues au pouvoir, Brexit et autres montées des extrêmes. Aux côtés de (I don’t know, I don’t know, I don’t know), complainte amoureuse sur fond de hip-hop psyché, on trouve aussi bien le titre Easy, avec ses bouffées de good vibes enchanteresses, que Sweet Harmony, géniale réinvention contemporaine, toute en synthés ramollis, du tube so kitsch de The Beloved, tout droit sorti des années 1990. Une chanson entièrement remaniée par Sirens of Lesbos peu après l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche, dont ils ont politisé les couplets pour ne garder, de l’original, que le refrain en forme d’appel à l’unité : « Let’s come together / Right now / Oh yeah / In sweet harmony » (« Rassemblons-nous / Maintenant / Oh yeah / En douce harmonie »). Peace is the answer!
À La Kaserne (Bâle) vendredi 28 avril et au festival About Pop 2023 (Stuttgart) samedi 22 juillet
kaserne-basel.ch – aboutpop.de