Silent Legacy, une création de Maud Le Pladec
Avec Silent Legacy, Maud Le Pladec aborde l’héritage de la danse par le feu sacré unissant une krumpeuse de dix ans et une interprète contemporaine.
Casquette vissée sur un carré court, tenue sportswear près de son corps de bambin, Adeline Kerry Cruz pénètre seule dans un rectangle de lumière qui lui sert de terrain de jeu initial. Toute en tension, la jeune Montréalaise crève rapidement la scène, toise du regard, doigt pointé balayant l’assistance du haut de ses dix ans. Elle martèle le sol de ses stomps sur le vrombissement d’une musique electro low tempo. Multiplie les postures iconiques du genre (poitrine convulsant, bras fendant l’air de manière menaçante…). Visage habité, hurlement proche d’éclore, bouche ouverte, tête vers le ciel. Rien n’est feint, tout est concerné. Inspiré. Engagé. Chacun se pose en creux la même question : d’où vient cette rage qui la pousse à marcher dans les pas de cette danse née dans les ghettos de L.A., à la fin des années 1990 ? Incroyable de présence, elle convoque Jr Maddripp, son maître à danser, faisant le double de son poids et de sa taille. Leur pas de deux au milieu de néons rappelant un lieu industriel confine à l’adoubement. Le brio de Maud Le Pladec est de poursuivre le dialogue initié entre corps et musique avec Audrey Merilus, danseuse contemporaine vibrant sous les assauts des compositions de la DJ Chloé Thévenin. Contamination heureuse de l’une à l’autre, plaisir visible à vivre la musique et à lâcher prise sur un parcours répété, mais sans cesse décalé.
À Pôle Sud (Strasbourg) les 16 et 17 octobre, au Theater im Pfalzbau (Ludwigshafen) les 14 et 15 novembre et au Carreau (Forbach) le 2 février 2024