Sculpter l’éternité : La Sculpture en son château à Lunéville

François Dumont, Titan foudroyé, 1712, Musée du Louvre © Musée du Louvre, Dist. Rmn-Grand Palais / Hervé Lewandowski

Avec La Sculpture en son château, Lunéville propose des Variations sur un art majeur, retraçant l’épopée d’un renouveau artistique au Grand Siècle.

Voilà magistrale exposition, qui prend le pari de faire rayonner à nouveau la virtuosité des ciseleurs lorrains du XVIIIe siècle, artisans du renouveau classique de la sculpture en France ! En provenance du Louvre et de Versailles, ou bien encore prêtés par Sa Majesté la Reine Elizabeth II (rien que ça !), allégories majestueuses et marbres solennels ont repris leurs quartiers dans la demeure historique des ducs de Lorraine, retrouvant leur terre natale, le temps d’une exposition. Car c’est dans le duché en effet, qu’à l’époque des Lumières, officient quelques-uns des plus grands sculpteurs français, ayant œuvré au service du pape, de Louis XIV ou encore de Frédéric II de Prusse, tels le nancéien Jacob Sigisbert Adam et ses trois fils prodiges (auxquels une flamboyante rétrospective est consacrée en parallèle au Musée des Beaux-Arts de Nancy, jusqu’au 09/01/22).

À la faveur du retour d’exil de Léopold Ier en 1698, la Lorraine de nouveau indépendante connaît un essor sans précédent. Le souverain veut faire du château de Lunéville un véritable “Versailles lorrain” : il multiplie ainsi les commandes auprès des meilleurs façonneurs locaux et fait venir de Paris le grand François Dumont, avec son élève Barthélemy Guibal. Leur ciseau plein de fougue taille dans les façades groupes de captifs aux sourires énigmatiques et troublants mascarons à figures de satyres. Dans les appartements, bustes et statuettes saisissent les visages animés de Léopold et de son épouse Élisabeth-Charlotte d’Orléans, nièce du roi Soleil. Scènes de chasse gravées dans le plomb, vases en faïence à l’infinie polychromie, sphinx, amours et déesses de bronze ou de bois doré ornent les cheminées et les consoles. Parmi eux, un superbe Titan foudroyé. Taillé par Dumont en 1712, le géant y apparaît tout en torsion, les muscles saillants, le visage hurlant. Le marbre n’est que mouvement et tension, rendant à merveille la texture de la roche. La draperie, elle, semble s’envoler dans la chute. Une merveille ! Plus loin, un sensuel et déchirant Prométhée enchaîné, sculpté par l’artiste dans le bronze en 1710, et aujourd’hui intégré aux collections royales britanniques. L’œil ne s’ennuie jamais. Aux jardins, la mythologie galante, portée par Apollon et ses Muses, illumine la longue enfilade de parterres de sa grâce toute hellénistique et sereine, tandis que naïades et putti chevauchant divers monstres marins peuplent les fontaines et les bassins. Ici, le néoclassicisme voulu par Léopold et son fils François III côtoie la fantaisie rococo insufflée par Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV, à qui il échut de devenir, en 1737, le dernier des ducs de Lorraine.


Au château de Lunéville, jusqu’au 9 janvier 2022
chateauluneville.meurthe-et-moselle.fr

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