Pour son deuxième EP Accroche-cœur, le Messin Romain Muller décline sa délicate synth-pop désabusée.
On le croirait tout droit sorti d’un roman de Huysmans, avec son allure de dandy fin-de-siècle dégingandé. Entre cynisme désillusionné et romantisme forcené, Romain Muller promène avec élégance sa synth-pop à texte poétique, aux accents disco mâtinés de chanson française mélancolique. Après un premier album remarquable sorti l’an dernier (Parallèle), son nouvel EP, Accroche-cœur, creuse un peu plus le sillon de cette electro dansante à l’aura désenchantée.
Comme l’auteur d’À Rebours, fasciné par les forêts de statues de l’art gothique où « tout est signe », le chanteur messin au « coeur fragile » place cet opus sous le signe du stoïcisme, ouvrant sur un sublime morceau dédié à l’impassibilité, admirant les êtres de pierre, « froid[s] en le jour et la nuit », sous les yeux desquels se succèdent « les guerres, les jours heureux », le temps glissant sur leur corps, sans jamais craindre la mort (La Statue). Ce n’est sans doute pas pour rien qu’il a été choisi pour faire les premières parties du grand Bertrand Belin, autre bouleversant contorsionniste de la langue et des mots…
À La Vapeur (Dijon) samedi 3 décembre, à L’Autre Canal (Nancy) vendredi 3 mars 2023 et au Carreau (Forbach) mardi 4 avril 2023
lavapeur.com – lautrecanalnancy.fr – carreau-forbach.com
cocomachine.fr
