Rhume de cerveau

Délaissant pour un temps les écritures contemporaines, Michel Didym se tourne vers le répertoire classique pour régler certains comptes avec le présent. En mettant en scène Le Malade imaginaire, il confirme l’éternelle modernité de Molière.

Le 10 février 1673, Le Malade imaginaire est joué pour la première fois au Théâtre du Palais Royal à Paris. Sept jours plus tard, Molière crache du sang sur scène, apportant au personnage d’Argan une authenticité qu’applaudit le public admiratif. Mais Molière meurt vraiment ce 17 février, terrassé par la tuberculose. Le mythe du Malade imaginaire est né, cet « investissement total d’un homme qui a tout sacrifié à son art, qui a donné sa santé, son temps et finalement sa vie. Mais en définitive, je crois qu’il est rattrapé par la vérité. Dans une époque qui se distingue par le triomphe de la fausseté, il exige la vérité. C’est peut-être pourquoi il est, aujourd’hui comme hier, très moderne. » Michel Didym aime les auteurs qui font grincer les dents des bien-pensants. Avec ce pamphlet contre la médecine, il n’y va pas par quatre chemins. « Le rapport à la médecine est toujours un rapport à l’argent. Molière déjà posait la question de combien ça coûte pour ne pas mourir. Le regard sarcastique face à l’incompétence des médecins est d’une grande modernité », estime le directeur du Théâtre de la Manufacture à Nancy.

Si Le Malade imaginaire dénonce un obscurantisme superstitieux masqué par un cérémonial où le latin de cuisine sert à faire illusion, il est aussi l’ultime œuvre d’un des plus grands génies du théâtre. Pour Michel Didym, « c’est un accomplissement, l’aboutissement de toute sa dramaturgie. On y trouve réunis ses thèmes récurrents : le mariage forcé, l’argent, les serviteurs qui se jouent des maîtres, etc. Le Malade imaginaire, c’est tout Molière, comme dans Hamlet il y a tout Shakespeare. C’est la quintessence de cette comédie bourgeoise qu’il a inventée avec une profondeur métaphysique déjà à l’œuvre dans Dom Juan. » Défiant les siècles, le metteur en scène a pris le parti de confondre les époques, « avec une série d’anachronismes vestimentaires ou sociologico-médicaux qui vont donner aux spectateurs du grain à moudre dans leur sablier temporel ». Argan, Béline, Angélique, Cléante et le fameux docteur Diafoirus rejouent une comédie finalement bien familière dans notre France hypocondriaque et championne de l’usage des médicaments. Comme Molière, Michel Didym affirme avec ce spectacle qu’à « une époque où les idées sont pleines de miasmes, le rire est bien le pansement de l’âme ».

À Nancy, au Théâtre de la Manufacture, du 13 au 24 janvier

+33 (0)3 83 37 12 99 – www.theatre-manufacture.fr

À Metz, à l’Opéra Théâtre, du 27 au 29 janvier

+33 (0)3 87 15 60 60 – www.opera.metzmetropole.fr

À Saint-Dié-des-Vosges, à l’Espace Georges-Sadoul, samedi 31 janvier et dimanche 1er février

+33 (0)3 87 15 60 60 – www.saint-die.eu

À Thaon-les-Vosges, au Théâtre de la Rotonde, vendredi 6 mars

+33 (0)3 29 65 98 58 – www.scenes-vosges.com

À Strasbourg, au TNS, du 10 au 21 mars

+33 (0)3 88 24 88 00 – www.tns.fr

 

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