(R)evolution

© Christian Grund

Nouvel intendant du Festspielhaus de Baden-Baden, Benedikt Stampa dévoile sa vision de l’avenir d’une institution installée au firmament de l’opéra, de la musique symphonique et du ballet.

Vous arrivez dans une maison fort différente du Konzerthaus Dortmund que vous avez dirigé durant treize ans : le Festspielhaus est financé par des fonds privés. Comment envisagez-vous ce nouveau challenge?
Je n’ai pas envie de tout révolutionner, mais de faire évoluer les choses en douceur, m’inscrivant dans la tradition initiée par mon prédécesseur Andreas Mölich-Zebhauser. Je partage avec lui des amitiés avec des artistes comme Thomas Hengelbrock ou Yannick Nézet-Séguin que l’on retrouvera dans la programmation. Mais je vais aussi plus loin, en particulier avec de jeunes musiciens, dont nous allons accompagner le développement.

Quelles sont les grandes lignes de votre projet ?
Je souhaite donner aux quatre festivals qui rythment notre saison – en automne, à Pâques avec le Philharmonique de Berlin, à la Pentecôte et à l’été – une personnalité artistique plus marquée. Ainsi je me réjouis particulièrement de la collaboration avec Kirill Petrenko à Pâques. Après et entre eux, les concerts continueront à rassembler les meilleurs musiciens qui auront une relation plus intense à la cité grâce à des résidences. On voit l’ébauche de cette politique avec les six concerts dirigés par Teodor Currentzis, un des chefs les plus excitants de la planète.

Photo de Thomas Grund

Une nouvelle salle de 500 à 600 places va aussi voir le jour : à quoi servira-t-elle ?
Initiée par mon prédécesseur, elle sera un outil essentiel dans deux ou trois ans, que ce soit pour les répétitions ou l’exploration de nouveaux répertoires, comme la musique contemporaine. Il est en effet difficile de remplir 2 500 places avec Ligeti ou Boulez.

L’an passé, vous avez écrit un article intitulé Ce que le classique peut apprendre du football : peut-on vraiment rapprocher les deux ?
Le football s’est métamorphosé ces dernières années. Des spectateurs nouveaux – les femmes, les familles… – sont venus dans les stades. Je pense que nous pouvons aussi élargir notre public : cela passe par une modification des codes du concert. Il est essentiel de proposer à chaque spectateur un moment exceptionnel, mais aussi de le rendre visible au plus grand nombre…

Pour cela, Internet est primordial…
En effet. Il y quelques années j’ai créé takt1.com, une plateforme pour la musique classique qu’on pourrait comparer à Netflix pour diffuser le plus largement possible des concerts exceptionnels. Le digital sera également au cœur de mon projet.

SI VOUS ÉTIEZ…
Un compositeur ? Frédéric Chopin
Un instrument ? Le piano
Un opéra ? Tosca de Puccini
Un chef ? Arturo Toscanini
Une salle de concert ? La Laeiszhalle de Hambourg
Une symphonie ? La Septième de Chostakovitch
Une pièce de musique de chambre ? Les deux Sonates pour violoncelle et piano de Brahms
Un interprète ? Maria Callas
Un orchestre ? Le NBC Symphony Orchestra


La résidence de Teodor Currentzis au Festspielhaus (Baden-Baden) débute avec son ensemble MusicAeterna par un programme 100% Rameau (31/10), suivi par Tristia de Philippe Hersant (02/11) et le Requiem de Mozart (03/11)
festspielhaus.de

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