Textes engagés, mélodies solaires et production pop électro. Le piquant duo Lilly Wood & The Prick revient avec l’hypnotique Most Anything.
Sept ans après son remix par le DJ allemand Robin Schulz, la chanson Prayer in C reste la deuxième plus recher- chée de l’histoire sur Shazam. À l’origine du survitaminé tube de l’été 2014, une ballade un peu chagrine et désabusée sortie sur le premier album du duo français Lilly Wood & The Prick. Pris dans la tornade de cet énorme carton planétaire, un peu dépassés par le succès inattendu, la chanteuse Nili Hadida et le guitariste Benjamin Cotto ont enchaîné les tournées, de l’Europe aux États-Unis. Jusqu’à décider, en 2016, de tout arrêter. « On avait besoin de digérer tout ce qu’il nous était arrivé », explique Nili, alias Lilly Wood, dont le nom de scène vient d’un rôle qu’elle interpréta dans un court-métrage consacré à la fille imaginaire du réalisateur de séries Z Ed Wood. « Et puis après une décennie sur la route, tous les deux à la colle depuis nos 19 ans, on avait besoin de faire une pause, histoire de se retrouver avec soi-même, de se construire… individuellement », ajoute The Prick (le “petit con” en argot US). Il aura donc fallu près de six ans à ce drôle de couple platonique pour se retrouver et confectionner leur quatrième opus : Most Anything. Quatorze titres à la production impeccablement ajustée, entre mélopées vaporeuses inspirées par la révolte d’Adèle Haenel aux Césars (Adele), hymne eighties à la gloire d’Aliénor d’Aquitaine la conquérante (Ali), clubbing hédoniste (In Love For The Last Time) ou bien encore ritournelle méditative en forme d’adresse mystique à une entité divine à laquelle aucun de ces deux athées pourtant ne croit (I’m Lost).
Un éclectisme totalement assumé par les deux trentenaires, biberonnés au foutraque patchwork musical des années 1990 et 2000, quand les Nirvana et autres Jamiroquaï côtoyaient Mariah Carey ou Shola Ama dans les charts. « La pop est un genre attrape-tout, totalement décomplexé, qui permet un large spectre d’influences et offre la possibilité de tout mélanger, sans se soucier des frontières entre les genres. Nous sommes définitivement pop », revendique Benjamin Cotto. Une chose ne change pas : les textes engagés de Nili, avec sa voix soul et éraillée. Le premier single, You Want My Money, dénonce à grand renfort d’autodérision l’absurdité de la consommation de masse, sur un air joyeusement oxygénant tout droit venu des sixties – ironique pavé jeté dans la mare des Trente Glorieuses. « C’est juste un commentaire sur la société qui nous entoure et dont on fait partie. Il ne s’agit pas de faire la morale à qui que ce soit », tient à préciser la chanteuse. « On est tous pris au piège de la grande machine capitaliste, mais à travers ce morceau et le clip au millième degré qui l’accompagne, je crois qu’on reprend un peu le contrôle en se fichant de notre tête. »
À La Cartonnerie (Reims), samedi 9 octobre, à la BAM (Metz), jeudi 14 octobre, à La Vapeur (Dijon), vendredi 15 octobre, à La Laiterie (Strasbourg), samedi 16 octobre
Édité par Cinq7 / Wagram Music, 2021
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