Peinture fraîche

Les quatre jeunes artistes issus de l’option Art de la Haute École des Arts du Rhin, exposés au Pôle culturel de Drusenheim flambant neuf, proposent différentes manières d’aborder la pratique picturale qui n’est pas un long fleuve tranquille.

Avant de visiter l’exposition Jamais deux fois (dans le même fleuve), Anne-France Boissenin, directrice, nous convie à un tour des 2 600 m2 du Pôle Culturel s’élevant à l’emplacement de l’ancienne MJC. Une archi épurée et fonctionnelle (ici, le « maître mot est modularité »), une bâtisse au milieu de laquelle un escalier, « la colonne vertébrale », mène aux salles de cours (arts plastiques, musique…) ou à la médiathèque. Au rez-de-chaussée : la salle de spectacle, le musée dédié à l’œuvre colorée de Paso et l’espace d’art contemporain occupé actuellement par les travaux des ex-élèves de la HEAR, école que l’équipe du Pôle culturel va fréquemment inviter.

Un espace lumineux, ouvert sur l’extérieur grâce à de grandes baies vitrées. Des murs recouverts de tableaux signés Camille Brès, Marius Pons de Vincent et Ido Park. Près des fenêtres, les “moulins à images“ de Clara Cornu dont on actionne la manivelle pour faire tourner les cylindres où se détachent des représentations humaines ou animales sur des fonds d’or, comme chez les Primitifs italiens. Les tableaux graphiques d’Ido Park nommés Human patterns représentent des portraits de profil, des visages qui, comme autant de motifs, s’inscrivent dans des colonnes. Selon Daniel Schlier, peintre et professeur en charge du groupe de recherche Peinture(s) à la HEAR, « Clara et Ido sont, contrairement aux apparences, plus académiques que Camille et Marius car ils prennent en main des métiers, des gestes anciens qui se stratifient : coller, enduire, poncer, dessiner, effacer… »

La figure humaine est également présente dans les huiles sur toile de ces deux derniers. À partir de photos amateurs de qualité médiocre dénichées sur le net, Marius va décliner des séries. Il est notamment allé fouiner sur des blogs de naturistes afin de se les approprier et raconter de « grandes histoires, liées à des idéaux, un désir de liberté », note l’artiste qui place des corps nus au milieu de paysages, des personnes cherchant à fuir la pesanteur des conventions… le temps des vacances. Pour ses « petits théâtres » peints, Camille quant à elle part de son stock d’images personnelles, mais réfute l’idée de s’inscrire dans une démarche autobiographique. Une tension plane sur ses saynètes : dans une réunion familiale dans la nature, sorte de relecture du Déjeuner sur l’herbe, des nuages sombres s’apprêtent à envahir l’image. Au départ, « le temps devait être clément », insiste la plasticienne, mais la matière picturale sombre, presque vivante, est venue hanter la toile.

À Drusenheim, au Pôle culturel, jusqu’au 31 mars

03 88 53 77 40

www.pole-culturel.drusenheim.fr

www.hear.fr

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