Op’éra
À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, le metteur en scène Pierre-Emmanuel Rousseau s’empare de Don Pasquale de Donizetti, installant l’action dans un XVIIIe siècle revisité !
Il Turco in Italia et Le Comte Ory de Rossini, Viva la Mamma de Donizetti et maintenant Don Pasquale : « Je suis chez moi dans ce répertoire », s’amuse Pierre-Emmanuel Rousseau. Derrière la légèreté comique de l’opera buffa, « la dimension théâtrale est très présente. De telles œuvres sont extrêmement exigeantes », résume le metteur en scène. Écrite en une dizaine de jours, cette partition est une pochade comique narrant l’histoire d’un vieux célibataire fortuné qui choisit de se marier avec une jeune veuve pour déshériter son neveu, Ernesto, dont il désapprouve le choix amoureux. Mais c’est en fait avec cette dernière, grimée, qu’il va convoler. Une fois les noces célébrées, elle se révèlera tyrannique et dépensière. « Le personnage de Don Pasquale ressemble à tous les barbons des pièces de Molière, Oronte dans Le Misanthrope, Orgon dans Le Tartuffe et surtout Mr. Jourdain, Le Bourgeois gentilhomme. Il se fait faire un habit qu’il considère très beau mais qui est absolument ridicule. Ses tentatives désespérées pour séduire Norina le rendent néanmoins touchant. » Avec Malatesta, le docteur et conseiller du vieux garçon, elle forme un « couple infernal, faisant penser à Merteuil et Valmont dans Les Liaisons dangereuses. Pour moi, ils sont amants. Ce duo diabolique va se servir d’Ernesto pour arriver à ses fins, ourdissant une machination afin de capter la fortune de Pasquale. »
Joyeux et sombre à la fois, le Don Pasquale de Pierre-Emmanuel Rousseau se déroule « dans un XVIIIe siècle fantasmé, à la Greenaway, un XVIIIe siècle qui aurait mis les doigts dans la prise », aux accents de Commedia dell’arte : en témoigne le rajout d’Arlequin, véritable deus ex machina de l’opéra… Dans cette histoire abracadabrantesque où tout le monde manipule tout le monde, évoluent « des personnages à tiroirs. Mon décor fonctionne aussi ainsi », explique le metteur en scène : « Il est construit en plusieurs plans avec des fausses perspectives, s’y trouve ce qu’on croit être un plafond, mais qui se révèle être un sol à y bien regarder. » Cette atmosphère flashy où interfèrent couleurs vives et motifs graphiques répétitifs évoquant l’Op’Art des sixties va comme un gant à cette partition bondissante.
> Visite commentée de la salle et des ateliers suivie d’une partie de répétition de Don Pasquale, jeudi 9 novembre à 19h