Adapté de Jules Verne, Le Voyage dans la Lune est un opéra abracadabrantesque signé Jacques Offenbach. Avec sa mise en scène, Olivier Fredj transporte le public dans une fantasmagorie riche de sens.
La richesse de l’œuvre d’Offenbach semble inépuisable : qui connaît en effet son opéra-féérie en quatre actes et vingt-trois tableaux écrit en 1875 d’après Jules Verne ? Ce Voyage dans la Lune – nouvelle coproduction entre Génération Opéra et une multitude de maisons hexagonales – annonce déjà les folies cinématographiques de Georges Méliès (qui livra son film éponyme en 1902) dont l’esprit est convoqué dans cette mise en scène. Entre science-fiction bricolée fin XIXe et effets spéciaux spectaculaires ou décors délirants (obus volant dans l’espace, ville futuriste des Sélénites peuplant l’astre, palais de verre, etc.), cette œuvre foisonnante a été un véritable défi pour le metteur en scène Olivier Fredj. Il a choisi – en travaillant avec l’illustrateur Jean Lecointre – de montrer l’envers du décor : « Nous avons fabriqué les trucages à vue, sous les yeux du public, en transformant la scène en un plateau de tournage, avec sept danseurs-acrobates qui en deviennent les accessoiristes », explique-t-il. Et de poursuivre : « Der Freischütz monté par les Marx Brothers, ainsi pourrait-on oser tenter une description du Voyage dans la Lune. Une planète opératique encore inconnue, et pourtant, elle tourne ! ». Il se met en toute drôlerie et finesse au service d’une histoire intemporelle.
Fatigué de la vie sur Terre, le bien nommé Prince Caprice désire visiter son satellite. Sitôt exigé, sitôt fait grâce au savant Microscope et son canon géant ! Il y rencontre le roi Cosmos, sa femme Popotte et s’éprend de leur fille Fantasia. Mais l’amour est une maladie inconnue là-haut. Au-delà des aventures rocambolesques narrées par le compositeur et ses librettistes, le propos se fait sérieux : « Nous sommes souvent certains qu’il n’existe que notre façon de penser, notre façon de vivre, nos codes et nos valeurs. Et pourtant il y a l’autre, l’étranger, l’altérité. Si sa rencontre engendre souvent une friction, elle permet de se distancer des idées reçues, et de modifier son identité sans y renoncer. La rencontre offre, en toute fraternité, l’opportunité de rejoindre Offenbach et d’observer son “clair de Terre”, un nouvel éclairage sur notre monde, et d’en sourire ensemble », résume Olivier Fredj.
À l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz samedi 4 et dimanche 5 mars et à l’Opéra de Reims samedi 11 et dimanche 12 mars
opera.eurometropolemetz.eu – operadereims.com