Ode au nature : le salon BRUT(es)

Photo de Marc Guénard

Pour sa troisième édition, le salon mulhousien BRUT(es) est fidèle à son credo, invitant une soixantaine de vignerons œuvrant avec une éthique naturelle.

En 2019, l’événement avait drainé quelque 1 600 personnes sur deux jours : gageons qu’après une année blanche, le public sera encore plus nombreux à venirdécouvrir des “vins vivants” issus d’une agriculture durable. Parmi plus de 70 producteurs ardéchois, languedociens, italiens, etc., présents – dont une poignée de cidriculteurs – de multiples viennent de l’Est, que ce soit du Jura (comme l’excellent Raphël Monnier et son Ratapoil), de Lorraine ou… d’Allemagne. Pensons au Weingut Rita & Rudolf Trossen, posé sur les bords de la Moselle, et ses crus exquis. Les horizons géographiques sont certes larges, n’en demeure pas moins que c’est l’Alsace qui se taille la part du lion avec la présence de “grands anciens”, pionniers des vins naturels à l’image de Bruno Schueller (Husseren-les-Châteaux) ou Patrick Meyer (Nothalten). Ce dernier n’aime guère « lorsqu’on fait entrer les gens dans les cases. Les étiquettes m’ennuient profondémentVins naturels ? Libres ? Ce ne sont que des mots. J’ai suivi mon petit bonhomme de chemin, c’est tout », explique-t-il. Et son épopée débute en 1981, lorsqu’il reprend, à moins de vingt ans, le domaine familial qui porte encore le prénom de son père. En constatant que la chimie essorait les sols et qu’il était possible de mettre beaucoup moins de soufre au tonneau – un retour « vers ce qu’on a fait pendant des milliers d’années » – il s’est forgé une vision du vin. « Je suis comme Saint-Thomas… C’est l’expérience qui fait avancer, mais on n‘a jamais fini d’apprendre de la terre », affirme celui qui est passé en bio à la fin des années 1980, puis en biodynamie en 1998. « Mes vins sont des individus. Ils ont une personnalité. Est-ce qu’elle est forte ou pas ? Ce n’est pas à moi de le dire », résume-t-il. Une phrase qu’aurait aussi pu prononcer un autre vigneron qu’on aime beaucoup, Jean-Pierre Rietsch (Mittelbergheim), dont les vins possèdent une forte identité, où le terroir s’exprime puissamment et qui font fi de toute standardisation avec pour fil rouge un réel tropisme minéral. Illustration avec deux Rieslings, le Brandluft et son terroir de grès procurant des flacons tendus à l’explosive minéralité et le Stein, auquel le calcaire confère un profil plus rond, où les acidités se font moins aigues, tout en demeurant présentes, dans un délicat arrière-plan. Sans oublier ses crémants, des modèles du genre, avec leurs bulles fines et cascadantes se déployant de manière acidulée dans une atmosphère de sous-bois. À côté de ces figures tutélaires, se découvrent également de nombreuses jeunes pousses comme le Domaine du petit bouchon (Saint-Pierre) fondé ex nihilo par Vincent Larcelet il y a deux ans, en redonnant vie à des vignes abandonnées. Voilà des quilles à suivre, assurément !


À Motoco (Mulhouse), samedi 6 et dimanche 7 novembre
salonbrutes.com

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