Nous les vagues
L’écriture peut se révéler prophétique, l’empathie effleurer l’âme au plus près. En 2009, Mariette Navarro débute une pièce de théâtre en Algérie. Elle achève Nous les vagues un an plus tard, lors d’une résidence d’écriture dans le même pays. Plusieurs mois avant le “printemps arabe”, cette jeune auteure passée par l’École du TNS, diplômée dans la section dramaturgie en 2007, avait senti poindre le fourmillement de grands desseins. Avec ce texte de forme incantatoire, totalement centré sur l’intériorité de personnages confrontés aux élans les plus purs et dignes de liberté et d’espoir, elle nous emporte au cœur de bouillonnements identitaires, au moment même où frémit la naissance d’un collectif. Et l’on peut déjà parler de “style Navarro” (voir Alors Carcasse, Poly n°140), dans sa manière toute personnelle d’approcher avec minutie et force précisions le moi profond de ses personnages, de cerner l’essence de la fragilité de l’élan qui les anime, menacé par chaque petit reniement de soi. Mais, « il est l’heure décidée pour faire la lumière à l’intérieur des cages… » écrit-elle. Pour prendre la Vague. Devenir Vague. Et déferler.