Nostalgia
Pour Bons baisers de Limón, son premier roman graphique, Edo Brenes réussit un coup de maître, transportant le lecteur dans un univers hors du temps.
Éblouissant ouvrage, Bons baisers de Limón prend pour fondement un ensemble de quelque 1 400 vieilles photographies familiales de l’auteur et de nombreuses anecdotes et histoires qui ont bercé son enfance et son adolescence. « Mes proches étaient au courant que j’allais utiliser leurs récits pour écrire, ils étaient heureux, et moi aussi, de transmettre cet héritage, de savoir qu’il n’allait pas sombrer dans l’oubli », résume Edo Brenes (né en 1985 à San José). À partir de cet ensemble, il retrace l’atmosphère régnant dans un petit village de la coté atlantique du Costa Rica, instillant une dose de romanesque dans cet ensemble avec une histoire de secret de famille… qui n’est pourtant pas le sien : « J’aimais aussi l’idée d’écrire un récit qui s’inspire de ma propre histoire, mais s’en détache également, que les limites entre réalité et fiction soient si floues qu’il soit pratiquement impossible de les distinguer », résume-t-il. Le résultat est bluffant : entre nostalgie pour une période – allant des années 1940 aux sixties – que l’auteur n’a pas vécue et réflexion sur la mémoire familiale et le sentiment amoureux dans toute son ambivalence. Le dessin est délicat. Les teintes pastel assourdies et pleines de douceur épousent la langueur des tropiques. Le propos est pétri d’une tendresse profonde pour un univers qui semble hors du temps, se déroulant dans un village épargné par les soubresauts de l’Histoire
paru chez Casterman (23 €)
www.casterman.com
Edo Brenes sera
présent à la librairie Ça va buller (Strasbourg), vendredi 17 septembre de 17h
à 19h