Nos secrets sont poétiques version Christophe Greilsammer

Nos Secrets sont poétiques, Cie L'Astrolabe © Arthur Gouté

Performance électro-poétique à quatre voix, Nos Secrets sont poétiques fait fusionner mots et musiques dans une transe explorant les abîmes de nos coeurs. 

Depuis des années, Nos Secrets sont poétiques, recueil de Stéphane Nowak Papantoniou, habite Christophe Greilsammer, qui l’a découvert avant sa parution aux Presses du Réel, en 2019. Le directeur de la Cie L’Astrolabe a ainsi décidé de porter ces mots qui le hantent au plateau. « La question essentielle que pose le poète est celle des secrets de famille, des non-dits. Ils rongent la tête, la pensée et l’âme et modifient notre rapport au réel. On est sur le terrain de ce que Freud nomme L’inquiétante étrangeté : je travaille là-dessus depuis une vingtaine d’années, depuis Le Marchand de Sable, un spectacle inspiré d’E.T.A. Hoffmann que nous avions présenté en 2004. Je préfère le terme allemand – Das Unheimliche – à la traduction française du concept : du coup, on pourrait parler d’inquiétante familiarité. Voilà ce qui est au coeur du spectacle », explique-t-il. 

TEASER – Nos secrets sont poétiques


Aux côtés de Stéphanie Félix, notre homme récite des extraits d’un texte où « la langue se déstructure peu à peu, contaminée par l’anglais, par des dérapages syntaxiques qui lui confèrent une intense étrangeté, comme si nous plongions au coeur d’un abîme », soutient-il. Les mots se mêlent aux musiques électroniques portées par des rythmiques, tendant parfois vers la techno. Elles sont performées en direct par Maria Laurent, et Clément Chanaud-Ferrenq est aux claviers et machines. Manon Meyer et Hugo Barré complètent le dispositif : il spatialise le son en temps réel, tandis qu’elle sculpte l’espace, d’éclairs lumineux soudains en nappes de fumée occultant un instant, mais un instant seulement, les divers protagonistes. « C’est comme si nous perdions temporairement nos corps, tous les six enveloppés dans le secret », explique Christophe Greilsammer. Au centre de la scène, les interprètes sont entourés par les spectateurs, eux-mêmes encerclés par une ellipse de huit enceintes diffusant musique et voix spatialisées en temps réel. Cet espace immersif génère une multiplicité de modes de perception possibles, immergeant chacun dans une sorte de transe, le mettant face à lui-même et aux mots. Au premier degré, ce sont ceux de Stéphane Nowak Papantoniou : « Le vrai secret n’est pas vendable, monnayable, soldable : échangeable. Vous n’en aurez pas pour votre argent. Vous trouverez que ça manque d’action. Cruellement, terriblement. Plat, ennuyeux, désespérément plat. Le secret adore le plat, faire corps avec, s’y colle, morfond, décolle, recolle. » Mais par-derrière pointent, terribles, ceux de Jacques Lacan : « Je dis toujours la vérité : pas toute, parce que toute la dire, on n’y arrive pas… Les mots y manquent… C’est même par cet impossible que la vérité tient au réel. » 


À La Filature (Mulhouse) vendredi 28 février et samedi 1er mars 

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