Loin de la société de consommation, un (pas si) petit festival jurassien fait de la résistance : No Logo. La macdonaldisation de l’industrie musicale ne fait pas peur à Florent Sanseigne, directeur d’un événement reggae qui a le toupet de ne pas porter de dreads !
Question bête : existe-t-il un rapport entre le nom du festival et le titre du bouquin anticapitaliste de Naomi Klein ?
Bien sûr ! Nous refusons le sponsoring, le mécénat, les subventions publiques – car nous refusons de tendre nos fesses – et le bénévolat : selon nous, il est possible de développer économiquement un territoire par une manifestation culturelle avec les festivaliers pour acteurs principaux. Ils ont un véritable pouvoir décisionnel, choisissant une partie des artistes la prog’. “Le peuple” ne décide pas de toute l’affiche, car nous avons un rôle de défricheur à jouer… Un autre monde est possible, sans pollution visuelle publicitaire : nous pouvons financer un événement sans dépendre du système financier qui ne nous convient pas.
Et ça marche ?
Oui, depuis 2013 et nos débuts, nous sommes témoins d’un réel engouement pour cette manifestation où règnent le sourire et la mixité sociale. Nous ne sommes pas des révolutionnaires, mais le lien avec le festivalier est essentiel. Après chaque édition, nous menons une enquête avec un ami chercheur universitaire pour faire évoluer No Logo en fonction de leurs réponses. Sur 20 300 festivaliers, l’an passé, nous avons eu 4 000 retours, ce qui est énorme !
Et s’ils décidaient de donner une autre couleur au festival, moins jamaïcaine ?
Nous sommes clairs : nous faisons un événement reggae, genre que nous estimons très large. Notre source est intarissable, cette musique étant jouée sur tous les continents : Patrice en Allemagne, le duo franco-jamaïcain Winston McAnuff & Fixi… Je ne suis pas sectaire, mais hors de question de programmer Bigflo & Oli ou Martin Solveig. Cependant, je reste ouvert sur les différentes formes que peut prendre le reggae, à consonance hip-hop avec Demi Portion par exemple.
On note qu’il y a deux grands “fils de” : Ziggy Marley et Femi Kuti…
Pourquoi Femi Kuti ? J’étais fan du papa et l’afrobeat a cohabité avec le reggae : les rythmes sont parfois similaires. Sinon, avec No Logo, j’en ai fait venir des fils et petits-fils de Bob… Ils sont très demandés, très ban- kable et c’est normal. Je trouve que Ziggy a su trouver sa voie, proche de la pop ou de la soul. Je ne porte pas de dreadlocks, je ne fume pas de pétards chaque matin, je ne me balade pas pieds nus, mais reste néanmoins fasciné par cette culture : en Jamaïque, ces gens-là chantaient ou mourraient. Leur musique était une question de survie, une lutte !
À Fraisans, du 9 au 11 août
nologofestival.com