Nike s’invite au Vitra Design Museum

Nike Premier x Comme des Garçons, 2021 © Vitra Design Museum, photo : Unruh Jones

Première exposition muséale dédiée à la marque, Nike: Form Follows Motion est une fascinante plongée dans l’univers du Swoosh, au Vitra Design Museum. 

À quelques heures du vernissage, Glenn Adamson est occupé à régler les derniers détails de l’accrochage. Arpentant les salles, le commissaire de l’exposition confie qu’il a eu « un accès complet au DNA [Department of Nike Archives, NDLR], ce qui n’avait jamais été possible auparavant, où sont rassemblées près de 250 000 pièces », retraçant l’épopée d’une marque devant son nom à la divinité grecque de la victoire. Firme mondiale dont le chiffre d’affaires annuel excède les 50 milliards de dollars, Nike est aussi représentative « d’une culture du design progressiste, dont les réalisations ont eu – et continuent d’avoir – un impact sur la société ». Structuré en quatre parties chronologiques, le parcours débute avec Track, voyage aux origines, alors que l’entreprise se nomme encore Blue Ribbon Sports (fondée en 1964, elle devient Nike au début des seventies). On y découvre la naissance du logo iconique créé par Carolyn Davidson, rappelant l’aile de la déesse, le Swoosh, et ses utilisations initiales : un tee-shirt réalisé pour les Jeux de Montréal en 1976, en montre huit, agencés comme les pétales d’une fleur. Se déploient aussi les premières innovations, à l’image du modèle Waffle, né alors que Bill Bowerman, un des deux fondateurs (avec Phil Knight), prend son petit-déjeuner : cherchant comment mieux adhérer à la surface synthétique de la piste d’athlétisme, il pense à utiliser un gaufrier. Versant du caoutchouc uréthane liquide dans l’appareil, il crée la semelle de la première chaussure de running de Nike ! 

Hot Waffles for Sale”, Posters avec les Nike Waffle Trainers, 1978 © Nike, Inc.

Plongée dans les années 1980, la deuxième section, Air (rappelant l’importance du dispositif révolutionnaire pour amortir les chocs, utilisé pour la première fois dans l’Air Max de 1987) zoome sur la coopération avec des athlètes comme Michael Jordan ou André Agassi, montrant à la fois que la marque, jusque-là estampillée course, s’intéresse désormais à tous les sports et qu’elle fait partie de la pop culture. Après Sensation – dédié à la quête de durabilité, notamment au travers du Nike Sport Research Lab d’où est sortie la Nike Free, qui donne l’impression de courir pieds nus –, Relation a la semblance d’un immense showroom. Y sont alignées une cinquantaine de collaborations iconiques entrant en résonance avec les préoccupations sociétales – dans les domaines de la diversité ou de l’inclusion –, tout autant qu’avec la mode la plus pointue. On demeure scotchés devant l’Air Force 1, sobre et rouge, customisée par l’activiste hip-hop Bobbito Garcia (2007) tout autant que face à la métamorphose en botte du même modèle (2014), signée Riccardo Tisci, alors directeur artistique de Givenchy, ou encore à la Cortez, version (ultra) compensée par Comme des Garçons (2018), griffe avant-gardiste nippone. 

Au Vitra Design Museum (Weil am Rhein) jusqu’au 4 mai 2025 
design-museum.de 

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