Night-clubbing
Une boule à facettes, des fumigènes et une sono crachant de la disco-pop à plein tuyau sous les lights : à l’affiche du festival GéNéRiQ, L’Impératrice chasse les idées noires avec sa musique rose bonbon.
En live comme sur disque, votre musique est d’une grande technicité, impressionnante de précision. Vous êtes des chipoteurs ?
Est-ce que nous sommes des maniaques du détail ? Totalement ! Sous couvert d’une pop mélodieuse, nous composons de manière maladive des titres où chaque élément est parfaitement à sa place. James Brown refusait de payer ses musiciens s’ils commettaient des fausses notes : nous ne sommes pas aussi tyranniques, mais presque… L’Impératrice est très influencée par la musique de studio des années 1970 / 1980 comme Chic et Delegation, où tout groove de manière naturelle, avec beaucoup de breaks, de moments où le bassiste et le guitariste vont jouer exactement la même chose sur deux temps avant de repartir dans des directions opposées juste après. Une partie des membres de notre sextet est passée par le conservatoire, avec huit heures de violoncelle par jour : depuis tout petit, ils ont été éduqués à la baguette !
Vous vous sentez isolés dans votre obsession du son ?
Oui, la “musique de groupe” se perd depuis l’apparition des machines et des ordinateurs où tout est calé sur une grille. Nous n’aimons pas trop ça. Mis à part les artistes du label Tricatel, peu de gens jouent comme nous, de manière artisanale.
Vous êtes même allés chercher le brésilien Eumir Deodato à New York pour les arrangements… Avez-vous été bercés par sa version discoïde d’Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss ?
Il a signé les sections de cuivres de Kool & the Gang et tout son travail en jazz-funk, disco ou bossa-nova est fantastique ! Bosser avec lui, c’était réaliser un rêve de gosse. Nous partageons la même conception de la musique : très traditionnelle, avec un vrai savoir-faire.
La pochette de votre premier album, Matahari, évoque l’esthétique de Jean-Paul Goude : est-ce un hommage au Nightclubbing de Grace Jones ?
C’est surtout un clin d’œil à Grace Jones, au paquet de cigarettes Gitane et à tout un tas d’autres choses que tu ne trouves plus trop aujourd’hui mais qui suscitent toujours autant d’émotion, de mystère et de fantasme, à l’image de Mata Hari, personnage énigmatique, espionne qui retournait sans cesse sa veste.
Matahari est en effet insaisissable, oscillant entre balades guimauve, fièvre du samedi soir et dub façon Sly & Robbie…
Mata Hari a plusieurs visages ! Nous refusons de nous enfermer dans un unique schéma, préférant explorer différents styles. Aujourd’hui, c’est très dur d’inventer quelque chose de nouveau : nous compilons des musiques qui nous touchent en les exprimant de manière personnelle.
Votre album est-il voulu comme une longue BO d’un film qui défile ?
Oui, mais un Tarantino ! Un film comme Jackie Brown, façon Blaxploitation, où il parvient à perfection à faire une relecture de tous les codes du genre.
Isaac Delusion est invité sur l’album : ce featuring permet de signifier que Microqlima est une grande et belle famille ?
Exactement. Microqlima est un tout petit label et nous sommes tous là depuis le début. L’industrie du disque ne se résume pas à Universal : nous avons aussi des choses à dire.
Êtes-vous très fleur bleue, très Nous Deux ?
Oui, à l’image de Discovery de Daft Punk qui est assez guimauve et que nous adorons ! Nous n’avons pas peur des émotions premier degré, des mélodies parfaites, des airs évidents à la Cosma, des ritournelles un peu mélancoliques, des génériques de séries…
À La Laiterie (Strasbourg), mercredi 28 mars Au Casino de Paris, mardi 3 avril À L’Autre Canal (Nancy), jeudi 5 avril
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