Never mind the future
Retour vers le futur numérique à L’Espace multimédia gantner avec l’exposition Anarchronisme qui, au milieu de Machines à perturber le temps, sème un vent d’anarchie dans un monde où règne l’informatique.
Un couteau archaïque, un silex taillé, une pointe tranchante de lance préhistorique… Nous ne sommes pas devant la vitrine d’un musée archéologique, mais face au travail du Collectif Dardex composé de Quentin Destieu et Sylvain Huguet. Avec humour, le duo s’est emparé de déchets électroniques qui, après une Refonte, sont devenus armes primitives. Il semble imaginer un futur à notre société, régie par la technologie de pointe, qui se trouverait dans l’obligation de recycler des outils informatiques ou électriques pour se bricoler de quoi se défendre. Notre avenir ressemble-t-il à celui, chaotique, de Mad Max ? L’âge de bronze et le monde de Mark Zuckerberg ne sont-ils pas si éloignés que ça ? La guerre technologique aura-t-elle lieu ? Notre environnement contemporain est-il bâti sur des fondations à l’obsolescence programmée ? Dardex, qui aime beaucoup les télescopages et les incongruités dans ses œuvres (un ordi qui fume le narguilé, une brosse à dents qui chante L’Internationale…) questionne avec ironie une société hyper connectée à l’équilibre fragile. Commissionnée par Yves Bernard et Anne Laforet, l’exposition décrit, selon cette dernière, une tension dont « résultent des propositions qui décâblent et recâblent sauvagement les relations entre numérique et analogique, entre vernaculaire et rétro […], logiciels et protocoles faits maison. »
Choc temporel assuré avec les Stèles binaires de David Guez, notamment auteur d’un Disque dur papier où il stocke des données numériques ou du projet Email 2067, permettant d’envoyer un message électronique dans le futur via une messagerie volontairement retardée. Pour la série présentée à L’Espace multimédia gantner, l’artiste a imprimé sur pierre le code binaire d’informations relatives à notre patrimoine comme le premier pas de l’Homme sur la lune. Les artistes antiques gravaient dans la roche ? David Guez la fait dialoguer avec l’univers informatique, interrogeant ainsi la conservation de l’art numérique. Pour la série Hardware, Yann Leguay a quant à lui éparpillé des pierres taillées… marquées de symboles numériques sur un chemin de randonnée. Un “anarchronisme” qui ne manquera pas d’interroger les archéologues de demain, de semer la zizanie dans les esprits.
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