Near-death experience
Punchlines autotunées, haikus de la street posés sur du dub minimaliste, Chaton, ex-Chanteur démodé s’offre une renaissance avec un disque lo-fi de chanson-rap qui se lape. Y a-t-il une vie après la mort ? Possible !
«Il en dit quoi Patrick Bruel ? » demande Chaton sur un des morceaux de son premier album où il ne s’adonne pas au name-dropping gratos, mais raconte une fâcheuse phase de sa vie d’avant… Pas si lointaine. Celle d’un auteur-compositeur qui, après une période plutôt faste à écrire pour Jenifer ou Yannick Noah, se retrouve « au fond du fond de la piscine », sans le sou, sans espoir, ni réponse du chanteur à minettes n’ayant pas pris le risque de se casser la voix pour l’appeler. « J’ai récemment réécouté le titre et je ne comprends vraiment pas pourquoi il n’a pas donné suite », s’amuse-til aujourd’hui, dans un café strasbourgeois après son showcase à la Fnac. Simon, son vrai nom, se souvient aussi des paroles qu’il est parvenu à « faire chanter » à Natasha St-Pier sur La Princesse : « Le dimanche soir elle panique, alors elle sort rouler des pelles. Et tous les jours, elle lutte entre la princesse et la pute. Le lundi, elle s’adore, le mardi, elle se rebute. » Osé, mais c’est passé… Le chanteur à la longue tignasse ondulée se remet à tirer la gueule (de matou) lorsqu’il nous parle – il tchatche beaucoup – de la genèse du titre Pas de doute : « Une artiste m’a demandé de réécrire totalement une commande, ce que j’ai refusé. J’étais tellement en colère que j’en ai fait une chanson. »
Impossible de lui tirer les vers du nez : Simon restera muet quant à l’identité de cette « personne connue », même après quelques verres. La mésaventure lui enfonce davantage la tête sous l’eau… qui n’est pas l’élément favoris des fluets félins. Cette « déchéance » est décrite tout au long d’un disque déboulant de nulle part ou presque, après un single chaloupé et désabusé, Poésies, racontant sans fard ce passage à vide « à la fois désastreux et miraculeux » où il débranche son téléphone pour ne pas avoir à expliquer ses incertitudes et inquiétudes. Il est « au bord de la faillite » sociale, tourne à « l’alcool fort coupé aux larmes », mais rencontre Lola, sa belle, et parvient à se convaincre que oui, c’est Possible de changer de cap à trente ans passés en éditant des complaintes désespérées détonnant sur un reggae lo-fi cool. En nous assurant venir de sortir « l’objet créatif le plus honnête de [s] a vie », Chaton se saisit de son sac refermant son matériel (deux ou trois machines électroniques légères et élémentaires) : il a un train pour Paris à prendre et une série de concerts à préparer. Les « shoots d’adrénaline » que lui procure la scène sont une drogue dure : il faut le voir, extatique, les bras en l’air, se dandinant sur place les yeux clos durant ses sets pour saisir cette nécessité du live à sa « santé mentale ».
Aux Trinitaires (Metz), vendredi 6 avril
trinitaires-bam.fr
Dans le cadre des Nuits du Botanique (Bruxelles), vendredi 4 mai
botanique.be
Dans cadre du festival We Love Green (Paris), samedi 2 juin
welovegreen.fr
Possible, édité par Sony
sonymusic.fr