Naissance d’un son

© Ville de Metz

Ce printemps, l’Orchestre national de Lorraine est à la pointe de l’innovation avec la création mondiale de Surchauffe de Dominique Delahoche, pièce traitant des bouillonnements de l’adolescence. Pour l’occasion, un nouvel instrument appelé Veme a vu le jour.

Trombone solo de l’Orchestre national de Lorraine, Dominique Delahoche mène également une carrière de compositeur depuis une dizaine d’années. Élève d’Ivan Fedele à Strasbourg et de Hugues Dufourt, il avoue être proche de l’école spectrale. Dans ses œuvres, il travaille « autour des techniques instrumentales, sans chercher une prestation démonstrative ou une beauté plastique ». Ce qui l’intéresse sont les relations des sons entre eux, les interactions possibles entre les pupitres de l’orchestre et, par ricochet, la « conquête de nouvelles sonorités ». Guère surprenant donc qu’il se soit attelé à la mise au point d’un instrument (en partenariat avec l’école d’ingénieurs messine Arts et Métiers ParisTech) qu’il a choisi de nommer Veme, acronyme signifiant Vallée européenne des matériaux et de l’énergie qui manifeste son caractère made in Lorraine. « J’ai souhaité générer un son qui existait jusque là uniquement dans mon imagination. La grande majorité des percussions métalliques – gongs… – sont d’origine asiatique. Elles ont un “effet crash” que je voulais éviter avec un instrument qui ne développe pas d’aigus et n’écrase pas l’orchestre. Il était aussi important de contrôler le temps de résonance pour permettre une écriture plus incisive. » Le résultat ? Une plaque métallique suspendue devant un résonateur que l’on joue de manière traditionnelle, avec des baguettes et qu’expérimenteront des membres des Percussions de Strasbourg.

On découvrira ses potentialités avec la création mondiale de Surchauffe, pièce sur « l’intensité intérieure de l’adolescence, sur l’énergie terrible qui irrigue cet âge de la vie, à la fois créatrice et destructrice », pour laquelle plusieurs jeunes non musiciens ont été associés. « Nous avons intégré des fragments de textes écrits par des adolescents en difficulté au cours d’ateliers. Ils traitent principalement de l’amour et de la révolte », explique Dominique Delahoche. À côté de ces ponctuations sémantiques de la partition, d’autres seront sur scène et « perturberont en direct le son de l’orchestre avec six dispositifs électroniques “contrôlant” autant d’instruments ». Collision annoncée entre la réalité du monde et les canons ancestraux du concert classique.

À Meisenthal, à la Halle Verrière, vendredi 10 avril
03 87 96 82 91 – www.halle-verriere.fr
À Metz, à L’Arsenal, mardi 12 mai
03 87 39 92 00 – www.arsenal-metz.fr
www.orchestrenational-lorraine.fr

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