Mystères
Dense rentrée – avec deux albums placés sous le signe du mystère – pour le dessinateur Philippe Aymond avec le premier opus de Highlands, nouvelle saga se déroulant en Écosse au dix-huitième siècle, et le huitième tome des aventures de l’énigmatique Lady S.
1743 : l’Acte d’Union entre l’Écosse et l’Angleterre a été signé il y a plus de trente ans pour créer le royaume de Grande-Bretagne, mais le changement de dynastie opéré en 1714 – George Ier de Hanovre succédant à Anne Stuart – est facteur de troubles. C’est dans ce contexte de tension, une période très rarement explorée par la bande dessinée, que démarre Le Portrait d’Amelia (premier volume d’un diptyque sobrement intitulé Highlands que Philippe Aymond dessine et scénarise avec talent). L’Écosse est divisée entre ceux qui se sont ralliés à la couronne et les indépendantistes, entre ceux qui sont vêtus à l’anglaise et les porteurs de kilt. Après un long séjour italien, le peintre Joseph Callander, un beau gosse qui a, dans certaines cases, de faux airs de Blueberry, est de retour au pays. Il a laissé derrière lui une histoire d’amour tragique – la matrice de cette histoire, très clairement – et rentre, dans un somptueux château sur les bords du Loch Lochy, au service du duc de Plaxton… dont la fille ressemble visiblement beaucoup à l’amour disparu de l’artiste. Jalousies, intrigues, péripéties en tout genre sur fond d’Histoire (avec un grand “H”) : voilà une BD d’aventures de bon aloi sous-tendue par un scénario solide qui oscille entre roman de cape et d’épée, fresque épique, épopée amoureuse et thriller aux multiples rebondissements…
Second réussite de la rentrée signée Philippe Aymond, le huitième opus des aventures de Lady S. héroïne aux mille et une énigmes. Espionne ? Voleuse ? Néo-zélandaise ? Estonienne ? Nous ne sommes même pas sûrs de son prénom… Reste que la série est écrite de main de maître par Jean Van Hamme, un des plus grands scénariste de la bande dessinée européenne à qui l’on doit des sagas parmi les plus bankables de la BD franco-belge comme XIII (sur des dessins de William Vance, dont la parenté avec Lady S. est patente : un personnage mystérieux au départ, les contours d’une biographie qui s’esquissent peu à peu…), Largo Winch (mis en images par Philippe Francq) ou Thorgal (avec Grzegorz Rosinski pour les tomes 1 à 29). Excusez du peu… Dans Raison d’état, nous retrouvons notre charming lady en prison (pour connaître les raisons de son incarcération, on plongera avec délices dans Une Seconde d’éternité). Voilà le début d’une histoire complexe et cohérente qui entrainera le lecteur au cœur d’un complot aux résonances géopolitiques, de Marseille à Florence (rendue avec bonheur par le trait de Philippe Aymond), une aventure où Lady S. meurt… puis ressuscite, plus solaire que jamais, même si son existence est encore pleine de multiples zones d’ombres. Poursuite des éclaircissements dans le prochain opus de cette excitante saga.
Le Portrait d’Amelia, volume 1 de Highlands (Dargaud, 13,99 €) – www.dargaud.com Raison d’État, volume 8 de Lady S (Dupuis, 12 €) – www.dupuis.com