En 2014, Arnaud Robinet (UMP, UDI) battait la mairesse sortante Adeline Hazan (PS, PCF, EELV), élue en 2008.
Quel bilan pour la culture à Reims ces six dernières années ?
Gérard Chemla (LREM). Reims est riche de sa culture par un patrimoine important tant matériel (Cathédrale, Palais du Tau) qu’immatériel (champagne, caractère historique de la cité des sacres). Des événements animent chaque année la ville et mettent en valeur son patrimoine. J’en citerai notamment deux : les Fêtes johanniques attirent rémoises et visiteurs autour d’une expression artistique et populaire, et les flâneries musicales, qui font partie de l’ADN de notre ville. Néanmoins, le premier problème de notre ville est celui de l’inclusion. La politique culturelle doit permettre d’accompagner tous les habitants vers une démarche de citoyenneté. Mon idée est que chacun devienne acteur de sa vie, acteur de sa ville et qu’on transforme au maximum les spectateurs en acteurs. Nous devons rendre ces événements plus populaires et plus accessibles. La culture doit se développer dans tous les quartiers. Il faut ramener dans la sphère culturelle ceux qui – trop nombreux – se l’interdisent parce qu’ils pensent que ce n’est pas pour eux.
Éric Quénard (PS). Premier regret, l’abandon du projet de construction d’un nouveau Musée des Beaux-Arts signé Chipperfield avec un coût d’abandon de 5 millions d’euros. À ce jour le musée serait ouvert, ferait rayonner la ville et serait un atout touristique indéniable avec la richesse des collections. Un long travail de concertation a été mené pour aboutir en fin de mandat à un Schéma d’orientation pour la culture très basique, sans grande originalité ni prise de position forte. Il est regrettable qu’aucune implantation d’œuvres d’art dans l’espace public n’ait eu lieu notamment sur les grands chantiers de rénovation comme les Promenades, les parvis de la mairie et de la basilique St Remi. La diminution de 5% des subventions aux associations a été également un marqueur d’une volonté de faire des économies sans analyse individuelle des projets associatifs. Enfin la destruction d’un certain nombre de maison de la reconstruction a été une atteinte au patrimoine de la ville même si la rénovation de la fontaine Subé ou de la Porte de Mars sont un point positif.
Arnaud Robinet (maire LR, ex UMP-UDI). Un bilan que j’espère pouvoir qualifier de positif. Nous avons tous œuvré pendant 6 ans à ce que la culture soit partout et pour tous à Reims. Beaucoup de projets ont pu se concrétiser dans toute la ville. Nous avons su préserver le budget municipal de la culture – 15% du budget de fonctionnement – tout en menant une politique de sobriété permettant à la collectivité de se désendetter sans augmenter les impôts des Rémois. Ce choix n’a pas forcément été simple tous les jours, mais c’est bel et bien possible, là où d’autres collègues maires utilisent la culture comme une variable d’ajustement budgétaire. La culture est inestimable, elle permet à chacune et à chacun, quel que soit l’âge, le quartier où l’on vit de s’ouvrir, découvrir, rencontrer et même de grandir. Et c’est très précieux et encore plus dans un contexte de difficultés sociales qui touchent tout le pays, malheureusement. Nous avons même créé trois nouveaux festivals pour réunir les Rémoises et les Rémois, engagé d’énormes chantiers patrimoniaux, débuté la renaissance du Musée des Beaux-Arts et signé un contrat territorial d’éducation artistique et culturelle… La liste est longue.
Quels axes de politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoire aux Municipales ?
Gérard Chemla (LREM). Reims consacre un budget important à sa politique culturelle (environ 15% du budget communal), mais près de 80% sont absorbés par les scènes professionnelles. Il ne reste que 20% de ce budget pour l’ensemble du milieu amateur. J’envisage de sacraliser ce budget, mais de commencer par des États Généraux de la Culture pour dégager les contours d’une politique plus populaire et plus accessible. Il restera à « objectiver » et pérenniser les subventions. Si le budget ne permet pas d’y faire face, je pense faire appel au secteur privé (financement participatif) et voir s’il n’est pas possible d’accompagner le mécénat en rajoutant une dotation municipale à la déduction fiscale.
Je veux m’appuyer sur l’extraordinaire dynamisme des associations pour leur permettre dans tous les quartiers de la ville d’intégrer les enfants, les adolescents et les adultes dans une démarche de culture populaire. Je souhaite créer des petites salles qui pour une fois ne seront pas réservées aux troupes professionnelles mais cogérées avec les associations de danse, musique, théâtre, expression graphique… J’ai aussi le projet de faire sortir le spectacle dans la rue pour animer notre ville au-delà de la place d’Erlon et de la place du forum. Je veux créer un festival d’arts dans la rue qui dure deux semaines et fasse le lien entre les habitants, restaurer de cette façon une animation visible dans la ville.
Éric Quénard (PS). Soutien aux associations et artistes locaux, place de l’art dans l’espace public, poursuite du travail de démocratisation de la culture pour tous dans tous les quartiers, valoriser la richesse artistique et culturelle du territoire en étant ville candidate pour être Capitale Européenne de la Culture. L’axe prioritaire sera l’éducation artistique et culturelle et l’accessibilité des structures culturelles.
Arnaud Robinet (maire LR, ex UMP-UDI). Plusieurs axes de notre schéma d’orientations culturelles, produit d’une consultation de tous les acteurs culturels, me semblent essentiels pour faire rayonner davantage la culture à Reims, sur toute la ville. Cela concerne l’intervention territoriale des acteurs pour permettre aux habitants d’avoir un accès à la culture par la proximité, l’éducation artistique et culturelle, le jeune public étant une priorité de notre politique culturelle municipale, l’accès à la culture pour les publics éloignés notamment les personnes ayant un handicap, l’animation et la préservation du patrimoine et enfin, la mise en réseau de tous les acteurs de la culture et du patrimoine pour garantir au maximum une action collective, qui ne superpose pas. Voici les chantiers que je défendrai si j’étais réélu Maire de Reims.
Quel serait alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?
Gérard Chemla (LREM). Je souhaite mener des travaux pour créer une rue des petits théâtres qui deviennent un véritable lieu de rendez-vous. Cela allierait à la fois spectacles amateurs et spectacles professionnels.
Éric Quénard (PS). Nous sommes déjà riches de nombreux festivals. Il manque sur Reims un événement culturel et festif qui regroupe l’ensemble des partenaires du territoire au sens large (associations, compagnies, structures culturelles institutionnelles, maisons de quartier, écoles…) dans l’espace public (centre-ville mais aussi les quartiers). Un thème pourrait être défini collectivement annuellement afin de permettre à chacun de travailler à une proposition à présenter lors de ce grand événement annuel.
Arnaud Robinet (maire LR, ex UMP-UDI). Bien que le projet soit déjà lancé, c’est la candidature de Reims pour l’édition 2028 de la Capitale européenne de la Culture. Je sais que nous avons tous les atouts pour y prétendre d’une part, et d’autre part ce sera un projet inédit fédérateur de toutes les forces vives de la culture et du patrimoine et des Rémoises et des Rémois. Et bien sûr, la culture rémoise aura la reconnaissance qu’elle mérite !
Que pensez-vous de la future rénovation du Musée des Beaux-Arts confié à l’architecte portugais Francisco Aires Mateus pour un peu plus de 45 millions d’euros ?
Gérard Chemla (LREM). Cette rénovation était nécessaire. Elle a malheureusement été repoussée entraînant des travaux longs. Au-delà de la rénovation du bâtiment qui offrira 7 000 mètres carrés d’expositions, il est essentiel que la scénographie soit imaginée pour être inclusive. Il conviendra d’apporter de l’animation pour encourager des publics éloignés des musées d’y revenir.
Éric Quénard (PS). Sur le papier cela semble un beau projet car il correspond en grande partie au Projet Scientifique et Culturel de l’ancienne proposition de construction. La rénovation sur site va malheureusement faire fermer le musée pour 3 ans avec un lieu de stockage éloigné du musée. De plus, le projet actuel supprime en partie un espace vert avec des arbres qui ont des décennies. Il concentre les lieux touristiques sur un petit territoire autours de la cathédrale au lieu d’agrandir l’espace de visite jusqu’au marché Boulingrin et la porte Mars.
Arnaud Robinet (maire LR, ex UMP-UDI). Le choix de l’architecte a été le fruit de nombreuses réunions avec le jury qui était composé notamment de représentants de l’État, du Conseil régional du Grand Est, du Département de la Marne et de la Ville. Tous les projets étaient anonymisés et nous avons découvert l’architecte à l’issue des votes du jury. Je souhaitais que cet écrin aux pieds de la Cathédrale garde sa vocation muséale. Ce projet est harmonieux : il respecte l’aspect patrimonial du site tout en le réinventant. Un équilibre qui peut être difficile à atteindre ! Le plus important, c’est que ce projet soit adapté à la vie du Musée, à ses besoins et ses usages. Nous avons tous hâte de le découvrir !