Mulhouse baila
Les créations chorégraphiques contemporaines sont sous les projecteurs de la Quinzaine de la danse. Zoom sur deux d’entre elles.
Lancé par l’Espace 110 en 2017 et soutenu depuis par d’autres structures, ce festival ne cesse d’innover par ses propositions variées, allant du ballet au concert dansé, venues de Lyon ou d’Amérique. Il y est possible, pour les plus curieux, d’en découvrir les coulisses en appréciant les dernières répétitions de quelques spectacles. Sympathetic Magic résulte d’une nouvelle association entre le chanteur suédois Peter von Poehl et les chorégraphes Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. L’album éponyme de l’artiste est intégralement illustré, en compagnie du trio basse-batterie-guitare, par les codirecteurs de VIADANSE à Belfort qui explorent différentes formes d’hybridation possibles sur scène. Souhaitant lier cette mélodie pop, « plus rock en concert que sur le disque » confie Éric Lamoureux, à leur danse contemporaine, ils se déplacent seuls ou en duo, vêtus de costumes blancs en jouant avec un « écrin de lumières ». À l’aide de lampes LED de la taille d’un œuf disposées au sol « comme un ciel d’étoiles inversé » et de vidéos projetant des traversées de forêts, ce spectacle musico-dansant se déroule tout en grâce et élégance. Sportifs ou délicats dans leurs déplacements
qui relèvent parfois de jeux de miroirs, ils sont également les choristes de von Poehl qui improvise, lui aussi, quelques petits pas de danse. « Une association artistique qui propose un voyage poétique ».
Le lendemain, la compagnie québécoise Marie Chouinard se lance le défi de rejouer de brefs extraits de ses précédentes chorégraphies pour composer un spectacle rétrospectif Radicale vitalité, solos et duos. Interprétés par d’autres danseurs dans de nouvelles mises en scène, seules les actions sont conservées pour en analyser la réplicabilité. Décontextualisés, ces 25 fragments mis bout à bout, tels des saynètes sans trame commune, s’accompagnent d’une musique elle aussi déconstruite, passant de beats electro au cinquième Prélude de l’opus 28 de Chopin. Habillés ou en petite culotte avec les seins peints, les 10 danseurs se meuvent de manière déstructurée et robotique sur un plateau nu, en alternant moments de solitude, sensualité et humour tels des clowns. À l’aide de micros pendants du plafond, aucune des subtilités sonores de ces mouvements n’échappent au public, qui observe successivement les acrobates imiter des cris d’animaux, se battre ou redécouvrir l’orgasme.
À l’Espace 110 (Illzach) et à La Filature, au Centre chorégraphique national, au Théâtre de la Sinne & au Cinéma Bel Air (Mulhouse), du 10 au 28 mars
espace110.org
Sympathetic Magic, à l’Espace 110 (Illzach), mardi 10 mars
Radicale vitalité, solos et duos, à La Filature (Mulhouse), mercredi 11 mars