Mots sans retour
Avec Norma Jean Baker… Marilyn Monroe, Nathalie Bach donne vie aux textes d’une icône du XXe siècle. Avec la complicité du pianiste Sébastien Trœster apparaissent les contours d’une écorchée vive à la merveilleuse intelligence.
Une scène presque nue. Quelques chaises et un piano. Nathalie Bach s’avance. Elle dit les mots de Marilyn Monroe : « La seule chose dont je me rappelle vraiment, c’est que j’étais seule. Toute seule. Si longtemps. » Des éclairages distillés avec subtilité – réalisés par Frédéric Solunto qui signe sa première “mise en jeu” – l’accompagnent. Fragments d’interviews, poèmes, extraits de lettres, écrits intimes… Les clichés volent en éclats. Exit la fille à la sublime beauté un peu simplette, la blonde complètement sotte. Au fil des phrases, se découvre en effet une « femme d’une intelligence et d’une lucidité extraordinaires ». Nathalie Bach, dont la voix nous transporte, rend ses fragilités et ses fulgurances avec sensibilité, sans jamais céder à la vaine tentation du mimétisme qui consisterait à imiter l’icône d’Hollywood. Elle est simplement une comédienne qui donne vie aux écrits d’une autre comédienne, trouvant la juste distance entre l’empathie et le détachement. Sur le fil du rasoir, nous explorons avec elle les failles les plus secrètes de celle qui était plus belle que la Divine grâce à un habile montage construit comme un vaste plan-séquence. Entre sujets graves – une plongée glacée en hôpital psychiatrique – et respirations d’une intense futilité se dessine le portrait d’une femme complexe qui ne cesse de s’interroger sur son métier. Mélancolique et parfois désabusée, amoureuse folle et romantique en diable, fascinée par le fondateur de l’Actors Studio, Lee Strasberg qui fut son professeur. Tel apparaît le mythe, minute après minute…
Les mots entrent en résonance avec les notes de Sébastien Trœster. Connivence grande. Symbiose, presque. On sent que ces deux-là ont souvent travaillé ensemble. Le pianiste a imaginé une musique – qu’il interprète au clavier – épousant le rythme du verbe et soulignant avec délicatesse la scansion, entre séduisante candeur et puissante assurance, de Nathalie Bach. Tout est réglé au millimètre dans cette partition que son auteur – qui se revendique « mélodiste » – qualifie de « nocturne ». Entre pointes jazzistiques et influences venues de la musique répétitive américaine, la bande son de cette lecture sonne terriblement juste.
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À Vendenheim, à l’Espace culturel, dimanche 20 avril 2014 (dans le cadre du festival dédié aux petites formes, Les Ephémères, du 14 au 20 avril)
03 88 59 45 50 – www.vendenheim.fr