Monet time
Avec Monet, Nomade de la lumière, voilà une délicate biographie en BD du plus célèbre des Impressionnistes.
Pour prolonger le plaisir de l’excellente exposition de la Fondation Beyeler qui va bientôt s’achever, cette biographie en bande dessinée de Monet entraîne le lecteur au cœur de l’existence du chef de file de l’impressionnisme. Construit en forme de flash-back, le scénario de Salva Rubio – dont c’est le premier roman graphique – prend pour point de départ l’opération de la cataracte que subit le peintre en janvier 1923, après de fortes réticences, car il avait peur de devenir aveugle. C’est son ami Clemenceau qui le convainquit de la nécessité de l’intervention. À Giverny, un Monet riche et adulé se remet, bloqué dans son lit, un bandeau sur les yeux. Il se souvient alors de son existence dont la première partie – période de vaches maigres – constitue l’essentiel de cet opus dessiné avec maestria par Ricard Fernandez alias Efa (déjà auteur du très bon Soldat qui se déroule pendant la Guerre de Sécession). La voix off de l’artiste accompagne le lecteur de ses premiers pas en peinture aux côtés d’Eugène Boudin à la création du Salon des refusés, en passant par les galères multiples qu’il surmonte avec une volonté farouche, toute entière tournée vers le désir absolu de peintre et l’impossibilité complète de faire quelque chose d’autre. On y croise ses amis – Renoir, Pissarro ou Bazille -, les femmes de sa vie, ses détracteurs ricanant lorsqu’un d’eux, le critique Louis Leroy, crée le mot d’impressionnisme pour railler Impression, soleil levant. Au fil des pages, le dessinateur fait de multiples clins d’œil et réutilise – en les mettant à son goût, à la fois distancié et respectueux – des toiles comme La Femme en robe verte, Femmes au jardin ou encore Les Coquelicots. L’hommage est brillant…