Mille et insolites nuits
Pour ceux qui rêvent d’aventure sans risque, certains hôtels proposent de s’imaginer sur d’autres continents ou vivre à la sauvage le temps d’une nuit. Tour d’horizon des plus surprenants du coin.
Fort de leur succès, tipis, yourtes, roulottes et cabanes dans les arbres ont progressivement envahi l’hexagone. Dans le Grand Est, on trouve toutes sortes de chambres atypiques. Direction les Vosges pour commencer, sur le plateau de Hardémont : Denis Duchêne attend les intrépides dans sa Ferme Aventure. Ici, les tipis sont installés en bandes, histoire d’assurer les veillées nocturnes au coin du feu. Dans le grenier, c’est sur la paille qu’on roupille pendant que d’autres s’inventent une ruée vers l’or dans un chariot de western. Pour les rêves à la belle étoile on choisit le dôme, la pyramide ou le cube, selon qu’on ait l’esprit
utopiste ou pragmatique. Le cube, mi-rouge mi-verre, n’est d’ailleurs pas seul dans la région : sur le plateau de Langres entre la Champagne-Ardenne et la Bourgogne, le Carré Rouge offre vue sur le lac avec sa façade entièrement vitrée. Isolé au bout d’un champ, sans eau ni électricité, ce gîte d’étape rappelle le bus abandonné d’Into the wild. Mais signé par une artiste, Gloria Friedmann, “tableau-refuge” est une oeuvre d’art avant d’être un repaire d’aventurier.
Entrer dans la cage
Cette fois, on s’imagine au cœur d’un roman de Jack London, occupé à observer une meute sauvage. Implanté en Moselle, le Parc de Sainte-Croix propose de dormir avec les loups dans la tanière et la cabane du trappeur. Dès cet été, deux lodges supplémentaires permettront de se familiariser avec les nouveaux loups timberwolfs. Ceux qui appréhendent le face-à-face matinal avec les canidés peuvent tenter l’expérience à distance dans l’une des cabanes aux formes insolites, perchées dans les arbres. Dans un autre coin du parc, de grandes tentes en toile installées en bivouac offrent une vue incroyable sur la plaine de 54 hectares où vivent plus de 140 cervidés. À l’automne, les campeurs pourront assister au brame alors que d’autres prendront leurs quartiers dans les yourtes pour observer aurochs et chevaux des steppes.
Loin des animaux, une autre sorte de cage a trouvé son public. Bienvenue en Suisse, dans l’ancienne prison de Lucerne. Situé au cœur de la vieille ville, le Jailhotel propose des chambres sobres aux tons blanc et beige virant parfois au jaune. Si le décor intérieur est plutôt ordinaire, quelques éléments du pénitencier sont indentifiables : fenêtres à barreaux, portes blindées et, sur les murs, des tuyaux de canalisation en version stickers. Avec des chambres pour quatre personnes et lits superposés, on y passera un week-end entre amis plutôt qu’en amoureux. D’autant que l’hôtel dispose de sa propre discothèque, la Jailhouse.
Ça bulle, ça roule et ça plane…
Aujourd’hui, on est habitué à dormir entre quatre murs droits mais pour certains architectes le carré n’a pas le monopole de l’architecture. Paul Haüsermann est un bel exemple avec ses “chambres-bulles” en structures métalliques recouvertes de béton, construites en 1966 à Raon-L’Étape (Vosges). Passées depuis entre les mains de plusieurs propriétaires, elles sont finalement rachetées par cinq fans des sixties et transformées en véritable espace hôtelier. Au Museumotel, de curieuses maisons rondes accueillent les touristes dans des univers rétro et féeriques. Les bulles Pop Art et Orange nous replongent 40 ans en arrière tandis que la Zen nous transporte en Asie. D’autres se bercent de romantisme dans la Love Bubble…
En Alsace, les chambres de Bulles et une nuit, propriété de Marion Bouwy, sont plus classiques. Toutes dans le même esprit, les maisons évoquent aussi bien un cocon qu’un vaisseau spatial et se composent de trois alvéoles accolées. La première, sorte de sas, sert de dressing alors que c’est dans la grande transparente du milieu qu’on s’endort sous les étoiles. La troisième, plus intime, fait office de salle de bains. Alliant design, confort et écologie, les bulles garantissent une nuit à la belle étoile sans subir les caprices de la météo.
Autre façon de s’imaginer dans le ciel : une caravelle, fleuron de l’aviation Française, est actuellement posée sur 3000 m2 de terres vosgiennes. Son actuel propriétaire n’est autre que Denis Duchêne, qui l’a transformée en…gîte ! Dans un décor blanc et bleu, les passagers peuvent séjourner et profiter du bar jouxtant le poste de pilotage, confortablement installés dans les fauteuils passagers conservés. Premier hébergement de sa Ferme Aventure, c’est aussi le plus prisé : il faut donc s’y prendre à l’avance pour obtenir un billet d’embarcation.
Pour ceux qui préfèrent garder les pieds sur terre et rêvasser sur la route, direction le musée de l’automobile Meilenwerk de Stuttgart. En partie showroom, le V8 Hotel regorge d’anciens et nouveaux modèles de collection et fait aujourd’hui briller ses quatre étoiles sur sa plaque. Parmi la dizaine de chambres thématiques, la Tankstelle nous fait dormir dans une jolie Coccinelle blanche entreposée dans un espace de 38 m2 aux couleurs de Shell. L’Autokino, imitation d’un drive in, renferme une rutilante Cadillac rouge garée face à un grand écran mural. Enfilez un blouson de baseball et sortez les pop-corn, votre blondie girl ne pourra résister. On s’y croirait !
03 29 30 11 79 — www.la-ferme-aventure.fr Le Carré Rouge, Route de Santenoge à Villars-Montroyer (Champagne-Ardenne) 03 25 84 22 10 Parc Animalier de Sainte-Croix, à Rhôdes (Lorraine) 03 87 03 92 05 — www.parcsaintecroix.com Museum Hotel, rue Jean-Baptiste Demenge, à Raon-l’Etape (Lorraine) 03 29 50 48 81 — www.museumotel.com Bulles et une nuit, à Klingenthal, Le Valtin et Mitzach (Alsace) 07 81 44 42 68 — www.bullesetunenuit.com V8 Hotel, im Meilenwerk, Graf Zeppelin Platz (Allemagne) +49 703 13 06 98 80 — www.v8hotel.de Jailhotel, Loewengraben 18 à Lucerne (Suisse)