La Laiterie strasbourgeoise fête ses 25 ans. Entretien, sous forme de séquence nostalgie, avec les boss de cette salle quadricéphale : Nathalie Fritz, Patrick Schneider, Thierry Danet*.
Air, Jeff Buckley, MGMT, Marianne Faithfull, Daft Punk, Cat Power, Chris Isaak, Morrissey, Sonic Youth, Pulp ou les Pogues : impossible d’établir une liste complète des artistes passés…
Patrick Schneider. Nous avons inventorié les groupes qui sont le plus souvent passés entre nos murs, puis avons posé des questions au public, comme « Devant combien de personnes s’est produit Mass Hysteria, en mars 1997 ? » Personne n’a trouvé la réponse : 50 spectateurs !
Le quatuor que vous formez tient de- puis un quart de siècle. Jamais il ne se lasse ?
Nathalie Fritz. Au contraire, personnellement, j’attends avec impatience l’ouverture des portes le soir car je peux voir le fruit de tout le travail exécuté en coulisses, durant la journée !
Patrick Schneider. Nous sommes chanceux de faire ce métier et d’avoir débuté en autodidactes, à un moment où le milieu de la musique n’était pas aussi structuré qu’aujourd’hui. Nous persistons à “provoquer” en créant des concepts maison : clubbing avec la scène locale, dispositifs particuliers…
Thierry Danet. Il faut sans cesse s’adapter pour ne pas s’éroder : nous en sommes à notre dixième vie ! Dans la culture plus qu’ailleurs, la norme crée l’ennui.
Si vous deviez ne retenir qu’un seul concert, quel serait-il ?
Nathalie Fritz. Buck 65 au Club : je pensais rester deux minutes, mais il m’a happé, vampirisé…
Patrick Schneider. Feu Vic Chesnutt, au Club, un dimanche soir, accompagné des canadiens d’A Silver Mt. Zion. Un petit nombre de spectateurs pour une date culte !
Thierry Danet. Je vais vous étonner en citant le concert de Sexy Sushi dans la Grande salle, proche de la performance, entre bordel ingérable et geste artistique. L’incroyable feedback avec le public a généré un moment exutoire, magnifique de tension.
Quel avenir pour La Laiterie ?
Thierry Danet. Au-delà d’un outil, c’est un lieu important dans la cité, mais qui souffre de son âge car moins adapté que toutes les scènes de musiques actuelles qui ont vu le jour depuis 25 ans ! Il faudrait doubler notre jauge – passer de 870 à 1 500 places – pour accueillir davantage de public… notre premier financeur, à 75% ! Ça se fera forcément à l’échelle du site, en repensant l’urbanisation du quartier.
* La quatrième larron, Christian Wallior est absent, mais excusé, le jour de notre rencontre
À La Laiterie (Strasbourg), du 24 au 26 octobre (avec Big Takeover, Le Peuple de l’herbe, Brain Damage, Burning Heads, Jim Jones & The Righteous Mind, Alcest, Laura Cox Band, Klone… Concerts gratuits sur réservation)
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