Avec KAKTUS, le designer allemand Mark Braun dénonce le réchauffement climatique, imaginant un hiver aride. Rencontre avec le créateur de la boule de Noël 2024 du CIAV.
Comment avez-vous travaillé le verre ?
Dans mes créations, j’aime aller à l’essentiel pour mettre en lumière certains détails et me concentrer sur une idée. Quand trop d’éléments sont représentés et surchargent un objet, ils se neutralisent entre eux. Pour le verre, ce n’est pas si simple, il y a un aspect “toujours plus”. S’il offre une très grande liberté dans l’élaboration de la forme et le choix des couleurs, beaucoup de détails peuvent en effet être ajoutés, si bien que le risque est grand de ne plus savoir où regarder en premier. Dans la conception de cette boule, j’ai accepté le défi de réduire la forme afin qu’elle ne soit pas surchargée d’éléments esthétiques et véhicule un message fort.
Quel est-il ?
L’idée part de l’histoire de souffleurs de verre qui, au XIXe siècle, n’avaient pas assez d’argent pour acheter des pommes servant de décoration au sapin de Noël. Cette tradition est aujourd’hui encore très ancrée, mais de nos jours, en ces temps de dérèglement climatique, je pense qu’il faut s’adapter avec un peu d’humour et de résilience. J’ai donc imaginé que la figue de Barbarie, fruit du cactus, pourrait être la pomme du futur. Lorsqu’il fera très chaud à Noël, nous nous assiérons probablement sur le balcon et profiterons des festivités avec une bonne boisson fraîche à la main. C’est une perspective résiliente de penser à ce Noël alternatif, bien que cet hiver sans neige, ce futur qui nous attend, est triste et préoccupant.
Pourquoi avoir choisi la figue de Barbarie et pas un autre fruit exotique ?
Le changement climatique n’est pas le seul sujet abordé. À Noël, il arrive parfois de se disputer, d’offrir ou de recevoir un cadeau qui n’est pas le bon, engendrant de la déception, mais cela reste toujours un bon temps pour se rassembler. Sur cette boule, de petites piques renvoient à cela : un caractère difficile en surface, mais agréable dans le fond.
Le message qu’un objet véhicule est donc très important…
Chaque objet a pour devoir de fonctionner, mais également de symboliser quelque chose. Pour une boule de Noël, je pense que le plus important est le message, bien qu’il y ait tout de même des aspects à prendre en compte, comme son poids, par exemple. J’aime analyser mes projets et réfléchir à leur pouvoir. Bien sûr, il y a des obligations esthétiques et pratiques, mais la symbolique est un défi supplémentaire avec lequel j’aime jouer. Les acheteurs ne vont pas forcément réfléchir à la signification, mais c’est aussi cela la force du design : manipuler dans le bon sens.
En vente dans les Offices de Tourisme de la plupart des villes du Grand Est, au CIAV (Meisenthal) et au marché de Noël de Strasbourg (entre 26 € et 28 €)
ciav-meisenthal.fr – markbraun.org
