L’intégrale symphonique Mahler de l’OPS débute : zoom sur une excitante initiative de son directeur musical, Marko Letonja.
« La musique de Mahler, c’est ma langue maternelle », s’amuse Marko Letonja, se souvenant de l’éblouissement ressenti, encore étudiant, en découvrant les symphonies du compositeur interprétées par Lovro von Matačić à Ljubljana. Et de rappeler aussi sa fascination, à douze ou treize ans, devant la petite maison dans laquelle il écrivait, sur les bords du Wörthersee, à quelques kilomètres du village slovène où le directeur musical de l’OPS est né : « Une seule pièce, une porte, une fenêtre, un lit, une table, un siège et c’est tout. En y allant, il est possible de ressentir la puissance de la nature et de mieux comprendre ces partitions intégrant des éléments folkloriques de mon pays qui me sont très familiers », résume-t-il. Pour lui, il était donc logique de poursuivre par l’auteur du Chant de la terre cette « histoire de la symphonie initiée avec le symbole qu’est Beethoven en 2017 / 2018. La saison passée, nous avons installé un dialogue entre Haydn et Chostakovitch, le premier et le dernier grand symphoniste, selon moi. » Dans les mois à venir seront jouées les six premières symphonies de Mahler. Les autres viendront plus tard, dont la monumentale huitième surnommée “symphonie des mille” – qui se tiendra vraisemblablement au Zénith de Strasbourg, vu les effectifs mobilisés –, la seule que le chef n’a jamais dirigée.
Pour le premier concert, il a confié à Antony Hermus l’exécution de la Symphonie n°1 “Titan” (04/10) avec ses multiples références aux musiques populaires – avec glissandi et grosse caisse version bal pop’, voire cabaret, peu en cour à l’époque – qui entrera en résonance avec riSe and fLY de Julia Wolfe. La compositrice américaine y utilise le folklore des Appalaches, mais aussi les sonorités de la rue avec des percussions corporelles typiquement hip-hop, métamorphosant torse, bras ou cuisses en instruments. Autre étonnante alliance, celle de la Symphonie n°4 (09 & 10/01/2020) avec le Concerto pour violon de Ligeti, deux partitions éminemment lyriques jouant sur l’étrangeté des sonorités d’instruments scordatura, qui ne sont au diapason normal. Seront jouées seules, les arches sonores que sont les sixième (page nimbée de tragique, 12 & 13/12), deuxième (vaste cathédrale surnommée “Résurrection”, 02 & 03/04/2020) et troisième (plongée pastorale dans la nature, 14 & 15/05). Enfin, mentionnons l’association traditionnelle de la Symphonie n°4 (13 & 14/02/2020) et d’extraits de Tristan und Isolde de Wagner pour une variation sur l’amour et la mort.
Au Palais de la Musique et des Congrès (Strasbourg), vendredi 4 octobre dans le cadre du Festival Musica
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