Magique Maggy
Secrétaire d’un détective pathétique, Maggy Garrisson nous plonge dans un polar très british, pluvieux et pétri d’un humour distancié.
Lewis Trondheim est sans doute un des auteurs les plus prolifiques de la bande dessinée actuelle : à peine bouclés les deux derniers opus de Donjon Crépuscule et sorti le drolatique Kräkændraggon (liste non exhaustive de ses dernières parutions), le voici proposant une nouvelle série, Maggy Garrisson. Au dessin de ce polar plus contemplatif qu’explosif, Stéphane Oiry (qui a donné une nouvelle jeunesse aux Pieds nickelés) fait merveille. C’est l’histoire d’une fille qui galère. Embauchée come secrétaire par un détective privé miteux et alcoolique, Maggy n’a guère le choix, même si ce n’est pas précisément le boulot de ses rêves. Elle découvrira son nouveau patron, la gueule en vrac, passé à tabac par des inconnus… S’improvisant enquêtrice, elle va chercher des explications, faisant preuve au passage de pas mal de débrouillardise et plongeant dans quelques magouilles qui vont lui rapporter un paquet de Sterlings. Mais l’histoire, pour bien ficelée qu’elle soit, n’est pas le point central de ce polar atmosphérique qui nous entraine, de Londres à Brighton, dans une Angleterre tristouille, plus Ken Loach que Royal Family. Les filles y sont en quête d’un prince charmant, explorant avec un humour très british tous recoins du syndrome de Bridget Jones et noyant leur déprime dans la mousse des bières qui poussent dans les pubs comme les champignons après la pluie. Heureusement qu’elles ont une bonne descente…