Carnaval sanglant
En un tour de passe-passe, Alessandro Serra déplace le régicide Macbeth d’une pluvieuse Écosse à la touffeur sarde. Macbettu nous catapulte en pleines traditions carnavalesques de la région de Barbagia. Dans ces montagnes du centre de l’île italienne, les hommes perpétuent des rites violents, masqués et accompagnés de sons funèbres. Shakespeare est convoqué au milieu des spectres aux postures guerrières dans une scénographie épurée, baignant dans l’obscurité de l’hiver. Des nuages de poussière se soulèvent à chaque incartade et foire d’empoigne née d’une ivresse du pouvoir, d’une ambition dévorante et d’une séduction dionysienne. Un théâtre charnel, peuplé d’images saisissantes où coule aussi bien le vin que le sang, où les conflits se soldent à coup de pierres fracassées et d’implacables trahisons dans une ambiance oscillant entre fête et carnage. Les chants de ce coin de Sardaigne ont beau nous emmener au large de rivages poético-mythiques, l’âpre violence de la réalité nous ramène, chancelants, au milieu de la poussière.
Au Granit, mercredi 21 novembre (en sarde, surtitré en français)